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Read here the complete press release with the text of Sasha Pevak
The third solo exhibition of Mehdi-Georges Lahlou at Galerie Transit (Mechelen) "And Even If Nothing Take Root in this Oasis" invites to an imaginary pilgrimage across the relicts and the memories of some "orientalist" civilization. By juxtaposing the elements of diverse cultural contexts, the artist deconstructs the relationship between the so-called "Occident" and "Orient", as geographical, cultural, and above all – mythical entities. Among the disintegrating heritage of an imagined past, we find ourselves in a lieu of paradoxes: a space without temporal, cultural or territorial landmarks that glides between reality and fiction.
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Il y a un monde du paradis, un commerce du paradis, un rêve du paradis, un marketing du paradis. Chacun y va par un chemin pour le rejoindre. Certains s’isolent du monde, ils deviennent ermites, comme si s’extraire de ce monde d’ici-bas signifie rejoindre le paradis tant désiré. D’autres détruisent le monde comme si le paradis est au-delà des ruines, derrière les catastrophes, après le grand désastre. Cette liste pourrait être poursuivie à l’infini, tellement ce fantasme traverse les récits, les mythologies et surtout l’histoire de l’art. Il y a pourtant une vérité à avouer : le Paradis n’existe pas, non pas à cause de son absence, mais à cause de sa sur-présence dans les imaginaires. Et c’est bien de cette sur-présence que traite l’exposition de Mehdi-Georges Lahlou à la C-Box sous le titre Paradis Incertain. Ni extrait du monde, ni détruisant le monde, l’artiste rappelle dans son œuvre qu’il faut juste y revenir pour espérer un paradis réel. Celui de la matière, celui des sons, celui des odeurs, celui du flux des paroles, de l’interminable danse des rencontres à travers une terre globalisée. Alors, pour ce faire, il faut requestionner les images, les forcer à tourner le dos aux chimères. Dans cette exposition, le pari est risqué à double titre. D’abord, il y est question d’une seule œuvre au sens littéral du terme. On ne le dira jamais assez, tout artiste ne produit qu’une œuvre qu’il décline jusqu’à son dernier souffle. Lorsque Mehdi-Georges Lahlou m’a demandé d’assurer le commissariat de son Ensuite, il sera question d’une œuvre à l’heure « de sa reproductibilité technique »*. Une fois la photo placée au centre de l’espace, elle se reproduira à saturation des cimaises. Une perte de l’aura ? Sûrement pas. La cohabitation, dans le même espace, et de l’œuvre et de ses reproductions, est une tentative pour restaurer l’aura de l’œuvre. Il est question de déployer sa polysémie et d’affirmer, ou du moins souligner, que le rêve de l’unicité est en passe de disparaître. L’exposition donnera ą voir, dans une mise en scène de l’artiste, l’image d’une humanité en attente de paradis. Des êtres qui tournent le dos au monde ou aux chimères, mais tous regardent au loin l’absence de ce rêve tant attendu. On y attendra peut-être qu’ils se retournent, mais c’est bien là que l’œuvre s’arrête pour que le réel commence. Abdelkader DAMANI * Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, in Œuvre III, Paris, Folio essais, 2000 |
There is a paradise world, a paradise trade, a dream of paradise, paradise marketing. Everyone takes a path to attain it. Some cut themselves off from the world, become hermits, as if removing themselves from this earthly world means attaining that longed-for paradise. Others destroy the world, as if paradise is beyond the ruins, behind the tragedies, in the wake of the great disaster. The list could go on and on; because this fantasy is a recurring theme in so many stories and myths, and especially the history of art. Yet there is a truth that should be told: paradise does not exist, not because of its absence, but because of its excessive presence in our imaginations. And it is precisely this excessive presence that is examined in Mehdi-Georges Lahlou’s exhibition at the C-Box entitled Paradis Incertain (Uncertain Paradise). Neither removed from the world, nor destroying the world, the artist suggests, in his work, that it is just a matter of coming back to it to hope for a real paradise: that of matter, of sounds, of odours, of flowing words, of a never-ending dance of encounters across a global Earth. To achieve this, one must re-examine images, force them to turn their backs on the wild fantasies. In this exhibition, the artist takes a risky gamble on two scores. First, there is the issue of a single work, in the literal sense of the word. It’s been said before, but it bears repeating: artists only produce one work which they represent in a variety of forms throughout their lifetime. When Mehdi-Georges Lahlou asked me to act as curator for his exhibition, I suggested he presents just one of his works, a photo entitled Paradis Incertain, 2013 (Uncertain Paradise). Other than the ‘beauty’ of the extreme precision of this work, it is the only work by the artist in which he has his back to the observer – the artist is always the model in his work. The figure floats in the darkness and, we assume, is looking into the farthest depths of the abyss, without giving any hope of revealing what it sees. Paradise is as uncertain as it is hidden. Then, there is the issue of a work in its hour of « mechanical reproduction »*. Once the photo has been placed in the centre of the space, it will be reproduced, filling the picture rails. Does it lose its aura? Certainly not. Placing the work and its reproductions together in the same space is an attempt at restoring the work’s aura. It aims to deploy its polysemy and assert, or at least point out, that the dream of uniqueness is fading. The exhibition presents, in an arrangement by the artist, the image of a humanity awaiting paradise. Humans who turn their backs on the world or on fantasies, but all of whom gaze out at the absence of this much-awaited dream. One may wait until they turn around, but that is precisely where the work stops and the reality begins. Abdelkader Damani, curator * Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, in Œuvre III, Paris, Folio essais, 2000 |
Portrait. L’homme aux talons aiguilles | 13 decembre 2012| Telquel online
Blouin Art Info 12 decembre 2012
RTBf Le grand Mag 17/10/2012-Speciale Daba Maroc : Medhi-Georges Lahlou
Le Soir sur Walking to Lahloutopia
Tele Bruxelles sur DABA Maroc
HOY Espana: Mehdi-Georges Lahlou: sin pelos en su objetivo
Reportage TV: TV/Focus/Tombe-du-ciel/Quand-l-art-contemporain-bouscule-les-religions, 2012
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Mehdi-Georges Lahlou was on the scenes of contemporary dance (with Maria La Ribot (E) The Company Le Douaré (FR), etc.) before been enrolling at the Beaux-Arts school in Quimper and after in Nantes (Fr). Based in Brussels, Surrealism ground, he doesn’t stop talking about his own identities for better explore those of the others. Mehdi-Georges specifies the guidelines of his work, puting in question the representation, and the place of a body, or sexual body in Muslim cultures. He creates images where is confronted a double or a triple stigmas, through, among other, with the exhaustion of a fetish, for example, this of the high heel red shoes. He confronted it, as well, to the Cobblestones of our cities (the pavement of early streets), to objects, and as religious symbols. In his Art Works, as paintings, installations, objects, photographs..., Lahlou tries to find bridges, utopian, but humorous between North and South. |
Mehdi-Georges Lahlou était sur les scènes de danse contemporaine (collaboration avec Maria La Ribot (E), la compagnie Le Douaré (FR),etc ) avant de s’inscrire aux Beaux-Arts (Quimper, puis Nantes) Il s’y passionne pour l’art de la performance et de la vidéo. Inspiré par des artistes comme Journiac, Molinier, Bowery, Viola, Neshat, Pane ou encore Abramovic. Il développe un travail poétique sur l’Identité à travers une imagerie burlesque mêlant travestissement et personnages chimériques qui paradent pour mieux masquer leur néant intérieur. Installé à Bruxelles, terreau du surréalisme, Mehdi-Georges ne cesse de parler de ses propres Identités pour mieux explorer celles des autres. Il précise les orientations de son travail, questionnant la représentation et la place d’un corps, ou corps sexuel, dans les cultures musulmanes. Il crée des images où se confrontent un double, voire un triple stigmate. À travers entre autres, l’épuisement d’un fétiche, celui de l’escarpin rouge, qu’il confronte tout autant aux pavés de nos villes qu’aux objets et symboles religieux. Dans son travail plastique, peintures, objets, installations..., Mehdi-Georges tend à trouver des passerelles, utopiques, mais humoristiques entre Nord et Sud. Il s’agit d’une impossible synthèse. |
E. Bouvard [korte tekst]: De performances en installaties van Mehdi-Georges Lahlou nemen de problematiek van culturele en genderidentiteit op de korrel, op een zodanig humoristische manier dat ze in elkaar vervloeien. Mehdi-Georges Lahlou stelt de definitie van mannelijkheid in de islamitische cultuur in vraag. In elk van zijn performances test hij onophoudelijk hoe die cultuur aan het wankelen wordt gebracht, hier bij ons zowel als in Noord-Afrika, door het neerhalen van de geslachtsbarrières. |
E. Bouvard [court texte]: Mehdi-Georges Lahlou réalise des performances et des installations qui traitent avec humour à la fois des identités culturelles et de genre, au point de les dissoudre les unes dans les autres. En effet, si le genre est une construction sociale, par opposition au sexe biologique, il est alors pris dans le tissu culturel dans lequel il se construit, quel qu’il en soit. |
E. Bouvard [short text]: Mehdi -Georges Lahlou produces performances and installations that deal with humour both cultural identities and “gender”, to the point of dissolving the one in the other. And indeed, if gender is socially constructed, as opposed to biological sex, then it is caught in the cultural fabric in which it is built whatever it is. |
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Textes en Francais: EMILIE BOUVARD: Mehdi-Georges Lahlou [texte longue] Juan Dario Gomez, PrefNag, Janvier 2011, pdf 1,4 MB Roxana Traiste dans Photograhie.com |
Texts in English: FREDERIC HERBIN: INTERVIEW WITH MEHDI-GEORGES LAHLOU EMILIE BOUVARD: OF STUPIDITY, GENDER AND ISLAM [long text] |
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For a text in German, please scroll down.
ArtPress Auot/Sept/Oct 2012, nr 392
It’s more sexy
Also of mixed race, performer, sculptor, video artist and photographer Mehdi-Georges Lahlou is the son of a Moroccan Muslim father and a Spanish Catholic mother. Riskily, and to great effect, he takes on his double culture as he weaves in and out of realities and constantly questions religious and sexual identity.
Working on the image and in the burlesque tradition of “idiocy” explored by Jean-Yves Jouannais. He claims the status of “falseness” for his photographs, staged scenes featuring himself that he reworked on Photoshop. Witness the series with Virgin and Child, a selection of Italian and Flemish Old Master paintings onto which Lahlou sticks a geometrical motif that is found widely in Casablanca. The title, It’s more sexy, thumbs its nose at fundamentalists of every stripe.
In his performances he dresses up as a woman, teetering on red high heels, which function as his feminine signature, while keeping the outward signs of his virility (body hair, beard). In his Stupidités controlees, which mock the “martyrdom” of certain pieces of performance art based on physical and mental endurance, Lahlou walks from the Eiffel Tower to the Centquatre, an art space in distant north-east Paris, in stilettos that, for any normally constituted woman, are torture. In Venice he held a huge watermelon in his mouth as long as he was physically able, until his jaws began to seize up and he choked. He peeled 65 kg of potatoes—his own weight—over a period of two and a half hours, cutting his hands at this absurd task. But Lahlou may also jump about like a child, dance the flamenco, belly-dance like an Oriental woman. He plays the bride, does a striptease backwards. The performances are fun, amusing, yet eloquent about the suffering of women, especially Arab women.
As a photographer, he is an obsessive self-portrayer. Almost always veiled by his niqab, he appears in images whose square format echoes the Kaaba, that great architectural cube around which the Muslim pilgrims process when they reach Mecca.
Vive la fêteis Lahlou’s ironic title for a high-angle shot down onto the huge crowd of the faithful, above which the artist mischievously hangs disco balls of the kind used in nightclubs. But Christianity gets just as much mockery as Islam. In Tango, Lahlou revisits the Descent from the Cross. His narcissistic Christ is carried in a very choreographic movement by a Mater dolorosaincongruously dressed in a niqab.
Lahlou does not judge. Rather, his work is about reclaiming a space of freedom and tolerance. Above all, he wants to avoid being pigeonholed—being put in that box which appears in many of his photos, as a metaphor of confinement, intolerance and fanaticism.
Two sculptures are particularly powerful in this respect. One is a bust of his own body, in plaster and fabric, with a stone balancing on his head. The stone brings to mind both the horror of stoning and Christ’s famous words to Peter: “You are Peter, on this rock shall I build my church”
In Sans titre, Paradise we have a prayer mat traditionally facing towards Mecca, on which Lahlou has placed wax casts of his hands and feet, as if he were kneeling and praying to Allah. The effect if very powerful: his body seems to be literally “melting” into the prayer.
An earlier exhibition by Mehdi-Georges Lahlou was cleverly titled Les Talons d’Allah(Allah’s Heels/The Yardstick of Allah). Elegantly using idiocy, the constant transgression of genres and frontiers of all kinds, he may well be achieving more in the fight against tolerance than a whole host of the right-thinking.
CONDUCTED BY EMAIL BETWEEN JANUARY 28 AND MARCH 5, 2010
Frédéric Herbin : I saw your work for the first time at the 2009 Youth Creation fair. For this occasion, you walked the whole 8 kilometers between the Eiffel Tower and the 104 exhibition hall, where the fair was held, on red high-heeled shoes. Several videos also pictured you wearing customarily feminine accessories : a scarf and, once again, your high-heels while stepping on an islamic praying mat. This being said, you always show up wearing a thick beard and sporting an eminently manly body hair display. How did this question of sexual ambiguity come up in your work and why are you so interested about it ?
MGL: Ambiguity... I’m almost the incarnation of it. More seriously, I’ve always been very passionate about the works of women artists, many of them are feminists, approaching matters of gender and sexual identity, such as Rosler, Export, Pane, to name a few. It is also in that purpose that I started questioning my own identity. At the beginning, the obvious way to deconstruct the male gender was through cross-dressing. It was, for me, a way to take possession of social marks that weren’t mine.
But I also realized that cross-dressing was basically all about disguising yourself, strutting and flaunting it, and that - while the sex might be questioned - it remains crucially the same. This “burlesque” cross-dressing shakes up the idea of the male, but doesn’t transform the male into female. Keeping blatant male attributes for me seems necessary to make this ambiguity clear, be it social as much as sexual.
Then, I questioned myself on the definition of cross-dressing. Is it necessary to flaunt attributes of the other gender to be considered a transvestite. Indeed, a gesture, an action, an object, a feature belonging to the other gender (by that, I mean a social as well as a sexual gender), leads in the end to the same transformation of the body language that cross-dressing does.
In my work, I insist on showing the transformation by dressing up but also by acting up, which stresses the ambiguity (sexually and socially speaking). I’ve been using these very same red high heels for 4 years now. I though, at first, of several distinctive features to sport during my performances. First it was a wig, but I found it too explicit and not feminine enough (Warhol, Journiac, Sorbelli...). These shoes seemed just perfect, for their shape, their color and how they simultaneously stand out as glamour, feminine, fetishist, but also a transexual, transvestite, prostitute or fantasy-related object. Through this ambiguity, I also like to stress the paradox of me, a typically classified Arabic man, wearing such accessory. An Arab on one hand, red high heels on the other, stereotype + stereotype = null ?
F.H. : Indeed, your physical appearance – this time without resorting to any piece of clothing – identifies you as an Arab or as descending from arab origins. But, although you could be absolutely indifferent to it, you intentionally maintain in your artistic display (geometrical decorative patterns, veil, traditional arabic food, mats, hat and praying position...) some references to symbols customarily attached to the arabic-islamic culture. Is it for you as much – or more – a concern of yours than that of the gender ? You seem to be saying that the latter is even more complicated when it is confronted with an ethnic, religious-oriented representation. How do these two ideas connect ?
MGL : The representation of symbols associated to the Islamic religion is, today, a very delicate matter. Even if the modern flow of images, particularly the advertising ones, is quite accepted in countries like Morocco. The use and defamation of the religious aesthetics are forbidden. This is one of the reasons why my work can give rise to incomprehension or scandal. Indeed, derision, association, representation, parody... of the islamic symbols is a crucial thematic in my work. The muslim countries barely know, among themselves, any reflection on that matter. For that particular reason, I try to discuss, in my work, whether there’s an urge or not to reflect on such issues in that culture. If so, would the western theories, generally brought up by the feminists, be right ? Let’s not forget that homosexuality and other so-called deviant sexualities remain forbidden and repressed in islamic societies and ideologies. The notion of sex among society is the most perilous subject of the new modern islamic societies. One could even forget the great open-mindedness of the arabic-andalusian period, often referred to nostalgically in the arabic-moroccan literature.
Part of my work aims at analyzing the association of several issues and stereotypes that go along. Humor, gender, art and critique do not cohabit well with Mohammedan traditions. It is usually an impossible synthesis. When I use my own image, clearly associated to a specific culture, I obviously question the association that might be drawn from it. Islam is a community, which cancels out the individual in aid of social unity. The individual is modeled after and for the purpose of the group. Marginality, originality are generally not common knowledge in these societies. What my work precisely puts in light is the ability or incapacity of being different. For instance, when I perform outdoors, to be identified as an arab is crucial, and doesn’t just end at the state of the gender, it also addresses the ethnic definition of the gender. Would that performance have been made by an european artist, it would not have had the same social impact. I often have to face islamic communities in my journeys. And as my physical appearance clearly sets me as a member of their social group, the identification is immediate and allows me to directly question their own sexuality. I also raise the question of ethnic and religious assimilation. Is my body that of an Arab or of a muslim, or is it just about appearances ?
F.H. : By playing on these various social norms, you lay the finger on sensible issues. With the several controversies and debates rising up in Europe about Islamic-related symbols, one can sense a certain tension accumulating around religious identities. Your work has also been the target of a media frenzy when your installment “Cocktail or self-portrait in society” attracted acts of vandalism in Brussels. Do you set yourself limits ?
MGL : In most of the debates I participated in, I often spoke of the “self-censure” the artist imposes himself, words for which I have often been criticized. But I always say that in my case, this self-censure is a positive thing and is – sometimes – necessary to accomplish my work, attain my “goals”. Indeed, it helps me to attain sobriety and, sometimes, to focus my own intentions when they seem too strong or too direct. Which allows me to remain naturally genuine and humoristic. I don’t go after scandal. But knowing that tough issues are gonna be brought up, I try, in my creative process, to analyze how scandal may arise.
In my installment Cocktail or self-portrait in society, for instance, those red shiny heels, simply put down on an islamic praying mat, drew incomprehension from part of the, let it be said, orthodox muslims. Still, the “representation” inherently addresses the notions of “false” and “fiction”. It was an image ripped from the imaginary spectrum, not reality. Regarding scandal, it’s interesting to see why it’s forbidden, forbidden to do this, or that, to lay red high heels shoes on a praying mat... Who blessed that mat for it to become a property of Islam ? Who forbids, where is it written... This questioning is of course applicable to any obligation or prohibition established by Islam.
My work also conveys a social connection with the person it interacts with, questioning, notably, what is allowed and what isn’t. I question the “evil” that is transgression, divergence and deviance. What might be perceived as a political or social statement, or merely as an engaged cause, is nothing more than the materialization of my imagination which, because it tackles those prohibited things, creates a collective political and artistic debate. But at that time, the work of art, in its social aspect, doesn’t belong to me anymore, it becomes part of the group.
APRIL 2010
Mehdi-Georges Lahlou, teetering on his shiny red high heels, is walking on eggshells, and occasionnally breaking some a...., fraying some scarves and mats. Performer, more or less of a painter, “installer”, undoubtedly a video maker, he manages to build a coherent approach, swinging between the perilous abysses of stereotypes of the sexual gender, and the difficulty to come up with a strong and unbiased line about islam as an identity. How can one mess around again with the gender when it seems that Judith Butler said it all, how can one question the religious when the mere fact to represent it, and thus to recreate and interpret can create dissension ? Can you aim right ? Irritate without laxity ? The work of Mehdi-Georges is comparable to his high heels : ostensive and even blatant, eye-catching, he also has style, a certain ounce of chic in the ridicule he portrays, and knows how to keep the line.
This commitment in the ridicule and the efficiency of his work lays in the fact that Mehdi-Georges Lahlou confronts these two thematics, that of the gender and of cultural and religious identity. However, these two questions are inherently full of conflict, from the biological innate sex on one hand to the vested gender on the other, built individually and socially, and conflict also between culture and religion. The resulting work lies on four different facets, which allows for numerous associations between masculinity, femininity, islam as a religion and as a social-cultural factor. The work of Lahlou seems to constantly, methodically and somehow humoristically dig into the tensional zones where these thematics collide, especially by performing, video making and photographing. He subsequently puts himself in the lineage of artists who use performance to meditate upon genders and social norms, from Valie Export to Molinier, Neshat or Michel Journiac, yet by accumulating several thematics. Mehdi-Georges stresses the importance of feminist performances as they occurred in the 1970s.
Let’s take an example : in 2009, Mehdi-Georges Lahlou releases two works based on the islamic veil, This is not an islamic woman (16cm/25cm, digital printings on aluminum, 4 copies), a self-portrait of the veiled artist, and Undress me (video installment, 3mn36 loop segment), where once could watch him rigorously put on and off his veil, in the meantime : the video is edited backwards. And indeed, the man who puts the veil on and then off is a man, obviously arabic, hairy, fully-bearded, and whose inexpressive face isn’t devoid of a certain mischievous provocation. Therefore, the thematics at stake are dismissed : the victimization of the veiled Mohammedan woman is neutralized, the strong and traditionally fantasized perception of masculinity in the arabic world is directly linked to the former depiction of the veiled woman and is consequently foiled. Stereotype + stereotype = null. Everyone’s wrong, arabic-muslims and caucasians judeo-christians are all in the same bag. Under the veil, one man.
But what man ? The man with the face of an artist is in fact quite sporty : he accomplishes heroical feats, jumping hurdles, running, endlessly pilgriming around a black cubical object (resembling the Qa’abah), prays with piles of bricks on his back (Prayer - Al Fatiha, 30mn long performance, Brussels (BE), 2008). He’s a good craftsman : he can create traditional arabic decorative patterns (And by the roll?, acrylic and several other materials, 29x150x250cm, 2009), and moroccan dishes (Dar_koom, restauant, performance, 2010), displaying his sense of hospitality. But the meal is for one person at at time. The traditional patterns are made industrially “by the roll”, which knocks down the cliché of the moroccan craftsman, keeper of the traditions. And the heroical or religious acts are all performed either in a full body garment or naked, exclusively wearing the now famous shiny heels. The artist puts on a drag, and traditions are then wiped out.
What about cross-dressing ? To cross-dress is to change one’s identity by putting on a costume and modifying his or her general appearance. The word “transvestite” conveys a specifically sexual, gender-related idea of the body transformation. Cross-dressing is subversive in the way that, as Judith Butler put it in Trouble with the gender, it can put in doubt, question what seemed to be unquestionable et eternally definite - i.e. the essential categorization as either man or woman. By capillarity, and because the body is at the crossroads of the personal and the political, be it about the gender to any norm whatsoever, the transvestite implies the disruption of the whole social order, thus his social place of dropout and the perilous nature of it. But to be disturbing, the transvestite must remain in an unclear in-between : to drastically become someone else or adopt a “typically” (according to the social norms of where he lives) feminine or masculine behavior may seem on the contrary as a way to strengthen the stereotypes. This in-between, Mehdi-Georges Lahlou maintains it through collage ; he’s a man displaying obvious signs of masculinity : body hair, sex, muscles ; and wears women heels. He’s an ambiguous and disturbing object of desire. Here again, he multiplies the clichés : arabic man face + streetwalker shoes, stereotype + stereotype = null, nothing is viable anymore.
This is why his installement Cocktail or self-portrait in society (70cm/40cm, digital printings on aluminum, 4 copies, 2010) made of a set of praying mats in front of which were laid men shoes, except for one mat where were provocatively put the red heels, shocked and was attacked by partisans of a more traditionalistic islam. This, very simple, installment was disruptive in three ways :
Almost everything creates tension : the approach, the use of mockery, the omnipresence of the performer, three points which define the whole work of Mehdi-Georges Lahlou.
The set is that of the box : the box of the “restaurant” in which you get in, but also that of the installment inside, in which you cannot enter - it was the front window of the art gallery that was attacked in virtue of blasphemy. The box in which are trapped and played the videos. The box of Home Sweet Home (2009), the video that mocked a pilgrimage to the holy city of Mecca, refers to the box which holds the Qa’abah around which Mehdi-Georges Lahlou walks endlessly, high heels to his feet, stepping on praying rugs. In Art Brussels, this box was laid on a steel platform, conveying ideas of imprisonment and harshness. These boxes refer to the confinement of the individual. They are directly related to the close-ups from the videos. Aesthetically speaking, the angles made from the rugs, the boxes all communicate : it conveys the idea of a culture that imprisons you. But these boxes are also monitors, frames, the frame of the images, imprisonment then becomes that of the clichés, the stigmatas. Lahlou opposes the cultural obligations, the weight of the traditions, the racial stereotypes and other commonly accepted clichés that this tradition conveys to other cultures. Getting out of a cultural frame is for Mehdi-Georges Lahlou to be confronted to another which shuts you in its turn. His work doesn’t deal much with the clash of the cultures rather than with the double imprisonment of multiple cultural identities.
Depressing ? Double-bind ? How to get out of the circle ? How not to give into madness ? One can act crazy and find a certain kind of “self”. Stupidity, which is a tradition in art, is a good way out and allows for thoughtlessness in a context often burdened with sense and strong thematics. Jean-Yves Jouannais in Stupidity, art, life, politics, method (Paris, ed. Beaux-Arts, 2003), names Breton and definies stupidity as a “distrust in theories and the dictatorship of the mind ; a contradiction leveled up to a haughty cultural language through a “modern recklessness” ; critique of the performance and its so-called renewal in spite of the depth of the artistic intentions”. One can then assume why Mehdi-Georges lives in Brussels, city stamped by the surrealism movement. Acting foolishly is going against seriousness, the heaviness of the religious systems - among others. Mehdi-Georges Lahlou is unstoppably burlesque, grotesque, foolish, stupid. His fit body, and his back obviously arched on his high heels, is inconveniently camped. In his series of videos named Controled stupidities (2009), Lahlou is eating a banana with the Quran laying on his head, or biting into a tennis ball, with a traditional headdress on. Ludicrous. How can such a madman create any real controversies ? When one is a religious extremist, or stands to defend a straight notion of masculinity, full of self-insurance, one does not want to argue with that kind of foolish character, which would mean losing one’s own dignity and reserve. And to look foolish in its turn. The recklessness of the foolish man allows for anything and goes past censure, without barely struggling.
Besides, if we still stick to Jouannais’ word, “‘stupid’ means simple, specific, unique. (...) Anything, anyone is therefore stupid as long as they only live for themselves.” One can then assume that there’s another outcome for that cat and mouse game and the mixing of the identities : being the clown, the fool who strongly expresses something still means stating something - no matter what -, that of a strong singularity, out of the box. The importance of the artist’s stature - Mehdi-Georges is an actor of all his performances - whose face appears from a video to another, from the first photo to the second, sometimes duplicated (Family portrait, 51cm/71cm, 4 aluminium printings, 4 copies, 2009), isn’t quite the sign of a narcissistic introspection, but implies the recurrent use of foolishness, in a comical purpose. For my part, I would be curious to see the young Lahlou digging further into that grotesque figure, and putting himself more at risk. And definitely toppling over to the Wonderful.
Mehdi-Georges Lahlou was born in Sables d’Olonne in 1983 and is French-Moroccan. He attended l’École Régionale des Beaux-Arts de Nantes (ERBAN), which he graduated from in 2007 ; he is currently pursuing a Masters at the St Joost Academy in Breda, Netherlands - and lives in Brussels. He exposed at Gallery M’atuvu (Brussels), and is now still present at Art Brussels in the Transit gallery (Mechelen) and at the Lille Art Fair, with the Xavier Ronse gallery.
Mehdi-George Lahlou, perché sur ses talons aiguilles rouge vernis marche sur des oeufs, et au passage brise des c..., et effiloche quelques voiles et tapis. Performer, plus ou moins peintre, "installateur", vidéaste à coup sûr, il parvient à construire une démarche cohérente, chaloupant entre ces dangereux récifs que sont les poncifs sur le genre (sexuel), et la difficulté à élaborer un discours distancié sur l'islam comme identité. Comment perturber à nouveau le genre quand il semble que Judith Butler a tout dit, comment interroger le religieux quand le simple fait de représenter, et donc de recomposer et d'interpréter peut poser problème ? comment toucher juste ? irriter sans facilité ? Le travail de Mehdi-Georges est comme ses talons haut : visible et même voyant, accrochant le regard, il a aussi du style, un certain chic dans le ridicule, et tient la route.
Cette tenue dans l'idiotie et l'efficacité de son travail tient au fait que Mehdi-Georges Lahlou croise ces deux problématiques, celle du genre et celle de l'identité culturelle et religieuse. Or ces deux questions sont elles-mêmes des lieux de tension, tension d'une part entre le sexe biologique inné et le genre acquis, construit individuellement et socialement, et tension d'autre part entre le culturel et le religieux. On arrive ainsi à une sorte de tableau à quatre entrées, qui permet de multiples combinaisons des pôles de masculinité et de féminité à l'islam comme religion et comme aire socio-culturelle. Les oeuvres de Lahlou semblent explorer avec constance, méthode et un certain sens comique, les points où ces tensions se heurtent, surtout par les biais de la performance, de la vidéo et de la photographie.
Prenons un exemple : en 2009, Mehdi-George Lahlou réalise deux travaux autour de la question du voile, Ceci n’est pas une femme musulmane (16cm/25cm, tirages numériques sur aluminium, 4 exemplaires), un autoportrait de l'artiste voilé, et Déshabillez moi (video installation, 03 minutes 36 en boucle), où l'on voit Mehdi-Georges se voiler et se dévoiler consciencieusement, avec une application qui fait sourire. Et en effet, l'être qui se voile, se dévoile et pose voilé est un homme, visiblement, de type arabe, poilu, barbu, et au visage dont l'inexpressivité n'est pas dépourvue d'une certaine malice provocatrice. Du coup, les discours topiques sont déjoués : évacuée la victimisation de la femme musulmane sous le voile et bousculée la masculinité virile et traditionnelle telle qu'elle se construit et est fantasmée dans le monde arabe - la voici transférée vers un autre motif topique qui s'en trouve du coup désactivé, celui de la femme voilée. cliché + cliché = 0. Tout le monde a tout faux, arabo-musulmans et judéo-chrétiens caucasiens se retrouvent dans le même sac. Sous le voile, un homme.
Mais quel homme ? Cet homme qui a le visage de l'artiste est un sportif : il réalise des exploits héroïques, saut de haies, course à pied, pèlerinages sans fin autour d'un cube noir (figurant la Qa'abah), fait ses prières avec des empilements de briques sur le dos (Prayer - Al Fatiha, Performance 30 minutes, Brussels (BE), 2008). C'est un bon artisan : il sait réaliser des motifs décoratifs arabes traditionnels (Et au rouleau ?, acrylique et divers matériaux, 29x150x250cm, 2009), et des plats marocains (Dar_koom, restaurant, performance, 2010), faisant preuve d'hospitalité. Mais le repas est pour une personne à la fois. Les motifs artisanaux sont faits "au rouleau" de façon industrielle, ce qui enfonce un coin dans le cliché touristique de l'artisan marocain gardien des traditions. Et les exploits et actes religieux sont réalisés en body et collants moulants, ou nu, avec au pieds les fameux hauts talons vernis. Les traditions sont travesties, comme le corps de l'artiste.
Il faut s'interroger sur le travestissement. Se travestir c'est changer d'identité par le biais du costume et de la modification en général de son apparence. Le terme de "travesti" renvoie plus spécifiquement à une modification d'ordre sexuel, de genre. La travestissement est subversif dans la mesure, comme le montre Judith Butler dans Trouble dans le genre, où il génère un doute, défixe ce qui semblait être fixée et stable de toute éternité - à savoir une essence masculine ou féminine. Par capillarité et parce que le corps est le champ de bataille où s'affrontent le personnel et le politique, du genre à l'ensemble des normes, le travesti suggère une perturbation de l'ordre social tout entier, d'où son statut de marginal et l'odeur de souffre et de dangerosité qui l'entourent. Mais pour être perturbant, le travesti doit rester dans un entre-deux trouble : devenir radicalement autre, adopter par exemple un comportement "typiquement" (selon les normes de la société où il vit) féminin ou masculin, peut apparaître au contraire comme un renforcement des stéréotypes. Cet entre-deux, Mehdi-Georges Lahlou le maintient par la juxtaposition ; il est homme et porte des marques traditionnelles de virilité : poils, sexe, muscles ; il chausse aussi des talons hauts - de femme. Il est un objet de désir double et troublant. Là encore, il cumule les stigmates : tête d'homme arabe + talons hauts de vamp, stigmate + stigmate = 0, plus rien ne tient et tout fout l'camp.
Ainsi, son installation Cocktail ou autoportrait en société (70cm/40cm, impression numérique sur aluminium, 4 exemplaires, 2010) composée d'un ensemble de tapis de prières devant lesquels sont déposés des chaussures d'hommes, à l'exception d'un tapis sur lequel crânent les escarpins rouge, a choqué et a été attaqué par des partisans d'un islam traditionnel. Cette installation, très simple, était triplement perturbante :
1 une femme ne prie pas parmi les hommes : question culturelle et religieuse.
2 et si ce n'était pas une femme ? un homme ne porte pas des talons hauts ou alors ce n'est pas un homme : question de la masculinité dans le monde arabo-musulman, et ailleurs...
3 on ne pose pas ses pieds sur le tapis de prière : le blasphème du provocateur - ou de l'idiot ?
Rien ne tient ou presque : une forme de cadrage, un usage de l'idiotie, et une omniprésence du performer, trois points qui caractérisent le travail plastique de Mehdi-Georges Lahlou de façon récurrente.
Le cadre est celui d'une boîte : la boîte du "restaurant" dans laquelle on entre, mais aussi celle de l'installation exposée, dans laquelle on n'entre pas - c'est bien la vitrine de la galerie qui a été visée par ceux qui criaient au blasphème. La boîte surtout dans laquelle sont enfermées et diffusées les vidéos. La boîte de Home Sweet Home (2009), cette vidéo qui parodie un pèlerinage à la Mecque, renvoie à la boîte qui en abyme dans la vidéo figure la Qa'abah autour de laquelle marche Mehdi-George Lahlou nu avec ses talons au pied, foulant des tapis de prière. A Art Brussels, cette boîte sera posée sur un socle en fer, évoquant encore davantage prison et rigidité. Ces boîtes figurent l'enfermement de l'individu. Elles correspondent à certains plans rapprochés des vidéos. D'un point de vue formel, les angles des tapis, des boîtes, se répondent : il est question alors d'une culture qui emprisonne. Mais ces boîtes sont aussi des moniteurs, des cadres, les cadres des images, et l'enfermement est alors celui des clichés et des discours, celui des stigmates. Lahlou renvoie dos à dos les obligations culturelles, le poids des traditions, et les cliches racistes et autres auxquels cette tradition donne lieu pour une autre culture. Sortir d'une culture, c'est pour Mehdi-Georges Lahlou être confronté à une autre qui vous y renferme à nouveau. Il n'est pas question ici du choc des cultures mais plutôt d'un double enfermement.
Déprimant ? Double-bind ? comment sortir du cercle ? et ne pas devenir fou ? on peut alors jouer au fou, et au passage trouver un genre de soi. L'idiotie, qui est une tradition en art, est une bonne porte de sortie et elle met de la légèreté dans un travail aux contenus lourds de sens et d'enjeux. Jean-Yves Jouannais dans L'idiotie, art, vie, politique, méthode (Paris, éd° Beaux-Arts, 2003), cite Breton et définit l'idiotie comme "défiance vis-à-vis de la thèse et de la dictature de l’esprit ; contradiction portée à la culture hautaine par "une gaieté moderne" ; critique des pirouettes de la forme et de leur prétendu renouvellement au détriment de la profondeur des pensées." On comprend ici pourquoi Mehdi-Georges vit à Bruxelles, ville marquée par la surréalisme. Faire l'idiot, c'est lutter contre la gravité, et la lourdeur des systèmes religieux et autres. Mehdi-Georges Lahlou est en permanence burlesque, grotesque, ridicule, idiot. Son corps bien fait cambré sur talons hauts adopte des postures inconvenantes. Dans la série de vidéos Stupidités contrôlées (2009), Lahlou mange une banane le Coran sur la tête, ou tient dans sa bouche un balle de tennis, une coiffe traditionnelle sur le crâne. Débile. Comment un tel fou pourrait bien provoquer de sérieuses controverses ? Quand on est extrêmiste religieux, ou défenseur d'une masculinité straight et sûre d'elle-même, on ne croise pas le fer avec ce genre de joyeux drilles, ce serait au risque de perdre sa dignité et son quant-à-soi. Et d'être à son tour, ridicule. La légèreté de l'idiot fait tout passer et déjoue les censeurs, l'air de rien.
Et puis si on suit toujours Jouannais, "idiôtes, idiot, signifie simple, particulier, unique. (...) Toute chose, toute personne, sont ainsi idiotes dés lors qu'elles n'existent qu'en elles-mêmes." Il est alors possible de suggérer qu'il y a là une autre sortie du jeu de miroir et d'emboîtage des identités : la position du clown, de l'idiot qui fait sans affirmer est une position malgré tout, celle d'une singularité maximale, sortie de sa boîte. L'importance de la figure de l'artiste - Mehdi-George est acteur de toutes ses performances - dont le visage apparaît de vidéo en vidéo, de photographie en photographie, parfois démultiplié (Portrait de famille, 51cm/71cm, 4 tirages sur aluminium, 4 exemplaires, 2009), n'est pas alors le signe d'une quête narcissique de soi, mais marque plutôt le retour de l'idiot, comme un gag récurrent. Pour ma part, je serais curieuse de voir le jeune Lahlou creuser encore cette figure grotesque, et la risquer davantage. Et basculer pour de bon du côté du Merveilleux.
Mehdi-George Lahlou est né aux Sables d'Olonne en 1983 et il est franco-marocain. Formé à l'Ecole Régionale des Beaux-Arts de Nantes (ERBAN), il obtient son diplôme en 2007 ; il poursuit actuellement un master à l'Académie St Joost à Breda - et vit à Bruxelles. Il a exposé à la galerie M'atuvu (Bruxelles), et est aujourd'hui présent à Art Brussels avec la galerie Transit (Mechelen) et sur Lille Art Fair avec la galerie Xavier Ronse.
Chers auditeurs, bonjour, vous êtes à l’écoute de l’émission Dialogue et Partage, produit par le collectif Dialogue et Partage.
En studio avec nous Mehdi-Georges Lahlou, artiste plasticien et Michel Grosse, sociologue, membre du collectif Dialogue et Partage et Stephane Goldsberg, professeur d’esthétique.
Le sujet de notre émission va être d’une manière un peu prétentieuse, un peu globale, l’art et sa liberté.
On va parler d’une œuvre que MGL, plasticien a exposé au centre Rogier. Je voudrais aussi préciser que MG vient de Nantes, il a été séduit par le surréalisme belge, il s’est installé à Bruxelles et il continue d’ailleurs un post-graduat en arts plastiques à Breda et il prépare des œuvres tout à fait remarquables. J’ai notamment vu une de ses installations située au 113, rue de Laeken, qu’il appelle des performances et dont nous parlerons aussi plus tard. Mais pour l’heure, ce qui nous amène c’est une œuvre qui a fait scandale, à la fois dans sa communauté et dans toutes les communautés religieuses conservatrices, pour ne pas dire orthodoxes, on va dire, et dont les journaux ont d’ailleurs fait étalage..alors de quoi s’agissait-il ? çà se passe au Centre Rogier, dans un des locaux,on a pu remarquer qu’il y avait un nouveau genre de mosquée, mais ceci n’est pas une mosquée, alors de quoi s’agit-il ? Il s’agit d’un ensemble de tapis de prière aux coloris tout à fait étonnants, très chatoyants, auprès desquels il ya des mocassins d’homme pour la plupart sauf sur un où il y a une fascinante paire de chaussures rouges. Alors MGL?
MG : Je voulais juste insister sur le fait que les mocassins d’homme sont devant les tapis et les chaussures de femme sont sur le tapis ce qui a justement causé pas mal de soucis..
Présentatrice: Alors le souci, c’est d’abord parce qu’il y a d’abord une paire de chaussures de femme rouge flamboyant au milieu de toutes ces chaussures d’homme et ensuite, elles sont sur le tapis.
Vous nous expliquez pourquoi c’est plus choquant quand c’est sur le tapis qu’à côté.
MG : A la base, j’ai misé sur l’esthétique parce que pour moi l’Esthétique amène justement une ambiguïté plus difficile à cerner du moins donc du coup c’est quelquechose qui relève de l’Esthétique, on va le voir comme une exposition, et tout d’un coup, on va se rendre compte qu’il y a quelque chose qui n’est pas normal et c’est là qu’il y a un problème.
Prés : Cette pièce a fait beaucoup de bruit et vous avez dû l’enlever.
MG : Exact .Les chaussures à talon sont sur le tapis alors que normalement on est censé ne rien mettre sur un tapis de prière. Celui-ci est le seul intermédiaire entre le prieur et le sacré, Allah, donc c’est comme une sorte de manque de respect que d’y mettre des chaussures qui sont censées marcher sur le sol.
P : C’est comme une provocation en somme.
MG : Exactement, provocation mais je ne l’ai pas cherchée à la base, elle est venue parce que parler de l’Islam, qu’on le critique ou pas, est pris comme une provocation et peut devenir un scandale. C’est vrai que les chaussures et toutes les choses qui sont censées être directement en contact avec le sol, ne peuvent pas être posées sur un tapis puisqu’elles ont été souillées. Un tapis de prière est censé garder le croyant propre et pur. Mais, j’ai fait le choix de les mettre sur le tapis directement, donc ces chaussures à talons me représentent, ce sont des chaussures que j’utilise dans de nombreux travaux et performances où je chausse les chaussures, je marche, je cours, je saute et au final, ces chaussures à talons sont comme un portrait de moi-même, c’est mon symbole.
Et donc, je savais qu’en exposant cette pièce en vitrine 24H/24 à la vue des passants, il y allait avoir scandale, mais c’est pour çà que j’ai fait le choix d’aller jusqu’au bout et utiliser cette symbolique en posan les chaussures sur le tapis. Qu’elles soient à côté ou sur le tapis, ça pose problème. Des chaussures de femme, qui plus est rouges à talon aiguille n’ont rien à faire dans une salle de prière, c’est un choix esthétique de les avoir mis dessus.
P : Et en fait, sur le plan religieux, strictement théologique, on va dire, est-ce que c’est quelquechose de tout à fait interdit..c’est la femme qui n’a pas le droit d’être présente en même temps que les hommes dans un lieu de prière, c’est l’homme qui n’a pas le droit de se faire passer pour une femme ?
MG : Il y a des règles dans une mosquée : les hommes s’installent d’abord tant qu’il y a de la place, et ensuite les femmes viennent.
P : Donc s’il n’y a pas de place, les femmes ne peuvent pas s’installer ?
MG : S’il n’y a pas de place , il y a une salle réservée aux femmes à l’étage, où les hommes ne peuvent pas aller.
Mais normalement, dans le Coran, il est bien précisé que la femme doit prier derrière les hommes, et s’il y a de la place derrière eux mais qu’elles décident quand même d’aller dans la salle réservée aux femmes, la prière peut être annulée parce qu’elle est vraiment censée être derrière l’homme en prière mais pas parmi..
P : Stephane Goldsberg, je me tourne vers vous pour que vous nous donniez quelques éléments à propos de l’attitude de la religion par rapport à la place de la femme au sein du monde de la prière, des lieux de prière et aussi par rapport aux travestissements de l’homme vers la femme que symbolise cette paire de chaussures au milieu des hommes . Comment çà se passe pour le judaïsme, d’une part mais aussi dans l’Islam et d’autres religions ?
SG : Pour préciser, il s’agit ici d’une œuvre d’art qui n’est pas un eoeuvre d’art religieuse, c’est un oeuvre d’art profane, donc qui n’est pas régie par les règles de l’art religieux musulman mais qui est une œuvre d’art qui touche un sujet éminemment religieux puisqu’il s’agit d’escarpins typiquement féminins, rouges sur un tapis de prière, orienté vers la Mecque le tout à la vue des passants d’un quartier du centre-ville, donc le statut de la femme dans les trois religions qui se réclament d’Abraham, Judaïsme, Christianisme et Islam est toujours différent. Dire s’il est soumis ou pas, c’est une question d’interprétation et je n’ai pas le dernier mot sur cette question mais la fonction de l’homme est toujours distincte de la fonction de la femme. Donc quelque soit la fonction qu’on donne à la femme, les mélanger, dissoudre cette opposition, c’est déjà bien entendu ébrécher la religion dans son fondement.
Alors, pour l’art justement, il faut savoir que dans les trois religions, il y a un interdit de l’image dans les trois religions-je dis bien- et dans les trois religions, il y a une pulsion humaine de fabriquer des images.
Dans le judaïsme et dans l’Islam, l’image massivement est interdite et n’est pas pratiquée, d’une manière graphique, figurative.
Dans le christianisme, çà dépend. Chez les catholiques, on s’en donne à cœur joie. Chez les orthodoxes, c’est extrêmement réglementé dans l’icône , chez les protestants, ils retournent un peu à l’Ancien Testament, et donc ils limitent bien entendu le nombre d’images.
Dans l’Islam, l’image est complètement bannie, ce qui ne veut pas dire que les musulmans n’ont pas de photos, pas d’images. Une maman musulmane même dans une ville disons très musulmane, pour faire vite, elle a la photo de ses enfants sur elle, dans sa poche, çà ne pose pas de problème mais la photo, dès qu’il s’agit du culte entre en contradiction.., donc on ne peut pas prier devant une image par exemple.
MG : Non parce que çà peut annuler la prière et déconcentrer le croyant. Le prophète a dit qu’il ne doit pas y avoir de représentation d’âme dans un endroit où l’on prie, pour ne pas être perturbé.
S : Ce ne sont pas les musulmans qui ont un problème en soi avec l’image, mais un problème/interdit avec l’image dans le lieu de prière ou bien si cela touche à la religion, or ici bien entendu des escarpins de femme sur un tapis de prière dans une salle réservée aux hommes, je ne sais pas pas si cela vise à choquer, mais la personne qui le voit comprend intuitivement, spontanément que cela vise à choquer .
MG : Plus qu’une volonté de choquer directement, je pose des questions, je raconte des histoires, je suis un peu comme un poète.
P : On sait que dans le temps, au 18ème, 19ème , les représentations féminines, érotiques ou sexualisées de la femme étaient tout à fait acceptées et même mises en valeur. Je pense aux miniatures indiennes, persannes. Par rapport à çà, on voit bien qu’il y a une forme de régression, de censure, aujourd’hui, d’une manière générale,bien sûr ici c’est lié à la prière, mais en général, on a tendance à vouloir couvrir la femme, ce qu’on ne faisait pas pour les mêmes raisons en tous cas, avant.
Michel Grosse : Je voulais demander quelle avait été au départ votre intention ? Vous aviez une proposition précise, un message précis ? Comment vous est venue l’idée en quelque sorte ?
MGL : Mon travail relève assez fortement de l’autobiographie. Je suis un des sujets principaux de mon travail, je suis entre deux cultures, une culture occidentale avec une mère espagnole et une autre musulmane avec mon père vivant au Maroc. Mon travail est aussi d’essayer de trouver d’impossibles synthèses entre les deux, c’est d’essayer de me positionner, essayer de savoir , de créer de nouvelles nostalgies si c’est possible, donc clairement j’utilise des symboliques qui me sont fortes, qui m’ont été données, parfois imposées mais légèrement, jamais on m’a forcé ou imposé. On ne force pas dans l’Islam, bien qu’on en ait envie parfois. L’esthétique musulmane est quelquechose qui m’interpelle, que j’ai choisi et que je mêle, encore une fois avec une esthétique occidentale là on voit clairement le jeu entre l’orient et l’occident.
Michel : Cela dit, vous saviez évidemment qu’il y avait un petit élément sacrilège parce que quelquepart vous touchez à un représentation sacrée, une représentation plus ou moins inscrite historiquement…donc vous touchez un peu les limites de ce qui est sacré, vous profanez, vous le saviez..
P : Mais il espérait être compris peut-être.
MGL : Oui j’espérais être compris, mais en même temps je savais aussi ne pas être compris parce que la pièce est quand même assez directe, on ne peut pas dire le contraire mais encore une fois, j’aime le burlesque, j’aime aussi faire rire les gens et c’est par ce biais-là que j’essaye de faire passer mes messages. Beaucoup de gens ont ri, voire même des musulmans aussi.
P : Donc ils ont compris l’aspect surréaliste de votre installation.
MG : Oui je pense, même s’il y a des groupes marginaux qui étaient complètement contre, qui ont craché, cassé la vitrine (ébréché). Il y avait des musulmans très heureux, qui ont parlé avec moi, me disant que c’était très beau. C’est surtout le mot qui revenait, c’est très beau. C’est justement par ce burlesque que j’essaye aussi de désacraliser le sacré pour questionner la sexualité, le travestissement, et mon corps dans ces différentes cultures.
Michel :La question qu’on pourrait se poser est de savoir ce qui est encore sacrilège aujourd’hui ? On recule indéfiniment ce qui est sacré, on essaye de détruire la limite, la frontière entre le sacré et le profane.
Stephane : Encore une chance qu’il n’y ait pas eu représentation de quelqu’un qui priait ou de la figure même du prophète ou de Dieu car çà, çà aurait été absolument une réaction violente extrêmement violente.
P : On n’a pas le droit de représenter la figure humaine ou bien on n’a pas le droit de prier près de la figure humaine ?
S : Ni l’un ni l’autre c’est-à-dire on ne prie dans les religions monothéistes, issues d’Abraham, on ne prie que Dieu, parfois dans certaines religions , disons le christianisme, une image permet de focaliser l’attention, disons de passer par le saint pour s’adresser à dieu mais comme dit le proverbe, il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses saints mais ni dans l’Islam ni dans les autres religions on ne prie une image ; maintenant l’Islam est particulièrement rigoureux sur les représentations.
P : Ce que je voulais demander, est-ce qu’on peut représenter la figure humaine dans le judaïsme ? Pendant longtemps, c’était considéré comme interdit.
S : La question est : est-ce que çà se fait dans le contexte sacré ou non. Aujourd’hui, un juif peintre, par exemple, j’en connais, çà ne pose pas de problème. Ils peuvent même représenter quelques scènes de tel ou tel rabbin discutant avec un autre. D’habitude ils ne sont pas d’accord.
Maintenant la figure de Dieu, çà reste interdit.
MGL : C’est aussi pour çà que j’ai insisté sur l’absence : les chaussures représentent les personnes qu’on imagine en prière, de là découle l’ambiguïté.
P : En fait c’est une paire de chaussures de femme mais qui signifie que parmi ces hommes il peut y avoir un homme qui lui, met des chaussures qui sont pas comme celles des hommes.
Donc, ce que vous revendiquez c’est de pouvoir être accepté éventuellement dans une mosquée, avec le choix vestimentaire ou extérieur que vous voulez.
MG : Moi, je revendique rien, je suis pas activiste, ni actionniste, je raconte des histoires. Je ne suis pas en train de réellement prendre position, je ne suis pas féministe.
P : Vous revendiquez pas , je veux dire, vous signifiez par là que les hommes peuvent aussi ressembler à des femmes finalement.
MG : Je questionne la possibilité du moins…C’est suggéré, je questionne la possibilité.
P : Il n’y a pas de fétichisme de chaussures derrière ?
MG : Faut demander à ma mère…(rires)
P : Cette œuvre, tous vos rapports à l’art posent tout de même le problème ancestral du rapport de l’art et de la liberté. A cet égard, je voudrais vous citer un petit évènement, une petite anecdote qui s’est produite quand Trotsky expulsé d’URSS a rencontré Breton qui rédigeait son Manifeste du Surréalisme et qui avait écrit « En Art, tout est permis, sauf ce qui est contre-révolutionnaire ». Trotsky qui revenait de l’enfer si on peut dire, qui savait ce que çà voulait dire être contre-révolutionnaire-n’oublions pas qu’on a fusillé des poètes pour leurs poèmes en URSS à cette époque- a fait barrer la 2ème partie de la phrase, il restait donc « En Art, tout est permis ».
Alors est-ce qu’on est aujourd’hui dans une société qui pratique cette tolérance-là. On a notamment vu avec les caricatures de Mahomet, au début du 20ème les impressionnistes ont quand même fait beaucoup de tableaux refusés(le fameux Déjeuner sur l’herbe, de Manet),
MGL : Pierre Molinier..
P : Des tas d’artistes proscrits ou des œuvres proscrites.
On a eu après une très grande phase de liberté surtout les vingt dernières années.
On est maintenant dans une phase, dirait-on de censure plus exacerbée et aussi de réaction extrêment vigoureuse par rapport aux expressions de liberté.
MGL : L’exposition « Présumé innocent » qui montrait pas mal de travaux d’artiste sur la sexualité de l’enfant. C’est une exposition qui a eu lieu à Bordeaux, les associations d’enfants ont protesté, porté plainte et maintenant les curateurs et le directeur du musée sont en procès depuis 2000, année du commencement de l’exposition. C’était pourtant des œuvres qui ont circulé partout, des œuvres d’Annette Messager, les artistes ont été poursuivis par la police jusque dans leurs ateliers.
Michel : Moi je dirais quand même que c’est vrai qu’on peut considérer qu’il y a ici et là des effets de censure, des fatwas surtout venant del’Islam ou d’autres, mais d’autre part le monde contemporain caractéristique par son éclectisme et sa diversité et donc ce que l’on constate aussi dans le domaine de l’art contemporain, c’est une tendance à la provocation, au scandale, parfois même un peu systématique. Je rappelle par exemple ce travail des frères Chapman qui reconstituent des minis camps de concentration, on a pu en voir à Venise ou par exemple le fait qu’ils ont racheté aux enchères les aquarelles d’Hitler, qui les ont retravaillées visuellement .. donc je veux dire qu’il y a de nombreux exemples dans ce domaine.
P : On touche à la Shoah qui est quand même quelquechose de particulier.
S : Oui je sais, nous sommes evidemment ici dans un autre registre mais quelquepart tous ces artistes essayent de jouer sur des limites et donc inévitablement sur une réaction, sur une réaction scandalisée quoi, c’est clair que c’est devenu une valeur en soi.
MG : Est-ce que le mot « scandale » est un terme artistisque ?
Je ne sais pas si une œuvre peut être scandaleuse, oui, elle l’est dans les faits.
P : Par rapport à la Shoah, petite parenthèse,la Shoah c’est quand même une mise à mort qui exprime la cruauté extrême dont l’humanité a été capable, par rapport à çà Dornaut disait c’est indicible, et donc aucune expression artistique peut rendre compte de çà. Chapmann met en scène quelquechose qui a une signification plus historique que véritablement artistique. C’est pas vraiment choquant, provocant ce qu’il fait, au contraire, tout est dans la manière dont est quand même mis en scène l’œuvre et mais alors quelles sont les limites, on va dire, Shoah excepté, est-ce qu’il faut imposer des limites à un artiste ? .L’art c’est quand même une manière de donner au monde une beauté ou du moins d’en faire découvrir la beauté ou de lui apporter une beauté.Est-ce qu’on est pour limiter ?
S : Pour la Shoah, evidemment c’est different puisqu’elle n’est pas arrivée partout mais prenons le cas de la Révélation qui est arrivée partout manifestement. Certes, on ne peut pas parler de maturité d’une religion, ce n’est pas un organisme qui murit , qui est jeune, même si une religion nait et parfois meurt, cela etant on ne peut pas aujourd’hui critiquer les différentes religions avec la même assurance il est quasiment banale de se moquer de certains hauts faits religieux, de certaines religions c’est presque enfoncé une porte ouverte aujourd’hui de se dire scandalisé par ce qui est arrivé lors de l’Inquisition, par exemple. C’est enfoncé une porte ouverte, puisque tout le monde en ce compris une grande partie de l’église est d’accord, l’église qui a fait amende honorable etc,maintenant dès qu’on touche à l’art profane ou sacré et qui touche en tous cas au sacré, il y a une formede censure, et une forme d’autocensure, c’est pour çà qu’il n’y apas autant d’artistes comme vous car moi si j’etais artiste,j’éviterais soigneusement ce sujet pour des raisons..pour pouvoir vivre le plus longtemps possible sans de trop grands problèmes.
MGL : Il y a la possibilité d’être catalogué comme un artiste à scandale. J’ai beaucoup de mes collègues qui se retirent de ce qui s’est passé autour de cette pièce-là, parce qu’ils ne veulent pas y être associés.
P : Alors que c’est la réaction. C’est vrai qu’on est dans des époques ou la critique des religions est mal vécue parce qu’on est sur un amalgame tout a fait terrible,c’est que evidemment on a le droit, même le devoir parce qu’on est des hommes et on pense de critiquer les religions mais on n’ est pas là pour critiquer les gens qui pratiquent cette religion. Il y a une différence entre critiquer l’islam et critiquer les musulmans et donc là on a un problème éthique et un malentendu terrible.
MG : Bien sûr mais en même temps encore une fois, je le redis la pièce relève de l’esthetique bien sûr. Mon but premier n’était pas vraiment de critiquer.
P :On a bien compris, vous êtes dans une expression de l’art où vous voulez aller le plus loin possible dans ce que vous avez envie d’exprimer. Mais malheureusement aujourd’hui, aller le plus loin possible, c’est dépasser une norme que les gens ne sont pas prêts à accepter.
MGL : Justement par rapport à l’auto-censure, pendant toutes mes études, je me suis demandé à qui j’allais montrer mon travail et çà a été un gros souci parce que j’avais des travaux que je faisais pour mon père (pour les musulmans), et des travaux que j’effectuais quand j’étais étudiant pour l’école. Plusieurs fois, je me suis demandé si je pouvais connecter les deux. Si je pouvais tout montrer ou choisir le public. Ici, c’est la première fois que j’ai pris position, je me suis dit là je vais vraiment montrer mon travail à des personnes aussi concernées par le sujet, du coup il y a eu des retours..
P : On pourrait dire que vous êtes un passeur et que vous avez envie à la fois d’amener le monde musulman vers une forme d’ouverture à une manière d’exprimer la beauté et le rapport au monde.
S : çà invite la société civile à se poser la question de l’éducation sur l’art des jeunes générations, si aujourd’hui, les jeunes sont choqués par ceci, çà veut dire que peut-être on n’a pas avancé beaucoup depuis le Manifeste du Surralisme..
MG : Et pourtant…
P : On a avancé et on a reculé mais avec des artistes comme Mehdi-Georges Lahlou, je pense qu’on est sur la bonne voie pour avancer à nouveau …
Merci à tous.
Fellow listeners, hello, you’re listening to Dialogue et Partage, produced by the association of the same name.
In studio with us we have Mehdi-Georges Lahlou, visual artist and Michel Grosse, sociologist, member of the association Dialogue et Partage, and Stéphane Goldsberg, aesthetics professor.
The topic of our show today is, in a rather pompous and global way, art and its freedom.
We’ll discuss one of Mehdi-Georges Lahlou’s works, which was recently exhibited at the Rogier centre. I would also like to add that MG comes from Nantes, he was attracted to belgian surrealism, moved to Brussels and is now following a post-graduate degree in plastic arts in Breda. He’s the creator of a large number of quite remarkable pieces of art. I’ve seen one of his instalments located at the 113, rue de Laeken, which he calls performances and which we’ll discuss later. But for the time being, let’s address what brings us all together here. It’s a very controversial artwork, to its own community as well as to other radical religious communities, we could probably define them as ‘orthodox’, and which the press has already covered quite extensively. So what was it about ?
The artwork we’re talking about is an exhibition of several islamic praying mats, in very surprising and appealing color shades, next to which are laid down a pair of men’s moccasins. Except for one particular mat, next to which is a fascinating pair of red high heels.
So MGL ?
MGL : I just wanted to add that, while the mocassins are next to the mats, the pair of women heels is right on top of one. That was what generated so much controversy.
Host : So you’re saying the matter is, firstly, that the gaudy feminine shoes are displayed among the other men shoes and, secondly, that they’re on one of the very mats.
Can you tell us why it’s more shocking to have put them on it rather than to the side ?
MGL : Initially, I did it this way because I found aesthetically more interesting. To me, aesthetics imply a complex ambiguity. One goes to see an artwork such as this one, thinks to himself that this just another exhibition and, all of a sudden, he realizes something is off and is creating a problem.
Host : This show generated a lot of criticism. You had to withdraw it.
MGL : Indeed. The heels were on the rug where you’re usually supposed not to put anything. It is seen as the sole intermediate between the believer and the sacred, Allah, so it is kind of a lack of respect to put any shoes on it. They’re supposed to lay on the ground.
Host : This is sort of a provocation.
MGL : Absolutely, although I wasn’t looking for it at first. It came because talking about Islam, criticizing it or not, is considered a provocation and can easily become a scandal. It’s true the shoes and whatever is in direct contact to the ground isn’t supposed to be put on a rug whatsoever, for the simple fact that they’re soiled. A praying mat is supposed to keep the believer clean and pure. But, instead, I decided to put them directly on it. These high heels shoes represent me, these are shoes I use frequently in my work and performances where I walk, run, jump with those on. Those shoes are portrait of myself, this is my own symbol.
Therefore, I knew that by exhibiting them in the window 24/7, for every passer-by to see, there would be scandal at some point. But this is why I decided to go for it and use this symbol by putting on the mat. Be it next to the mat or right on it, it would be an issue. Women shoes, red high heels even, have nothing to do in a praying room, it was a visual and aesthetic choice of mine to have put them on it.
Host : On the religious aspect and strictly theologically, is this really the issue here ? Is it that women cannot be in the same praying room as men or that men cannot pretend to be women ?
MGL : In a mosq you have rules : men come in and sit first, while there’s still room. Only afterwards are women allowed in.
Host : So if there isn’t any room, women cannot get in ?
MGL : When there’s no room left, women are allowed in another specific room upstairs, where men themselves cannot go.
But in theory, as the Qu’ran says it, women have to pray behind men. And if they do decide to pray in the other room, on the floor above, the prayer can be called off by the Imam. She is forbidden to pray amongst men but customarily has to pray behind them.
Host : Stephane Goldsberg, what can you tell us about the religious stand towards women, the place they occupy amongst other followers, praying rooms and also the cross-dressing of men into women that these shoes symbolize ? How is it regarded in Judaism, in Islam and other religions ?
SG : For starters, this artwork we’re talking about is not a religious one, it is a profane one, which doesn’t answer to the dogma of the Islamic religious artistry. This is something which obviously addresses the sacred given that those typically feminine red heels are laid on the rug, all of them facing the direction of Mecca. The location of this show, right in the middle of a busy central area of the city, made it noticeable to any kind of passer-by, be they muslims, jews, christians. To any one of these people, the place of women in society and religion is different. I couldn’t say whether this place is submissive or not in some of these religions but I can clearly state that, in the eyes of any of these three confessions, the part men play is very distinct to that of women. So, whatever function you might want to give women, to mingle it with that of men is to dissolve that opposition, and so to crack the basic foundations of religion. In art precisely, there’s a clear notion of what’s forbidden in these three religions. Let it be said, there’s a strict limit to their imagery. This is in direct contraction to the humain urge to make and produce images.
In Judaism and Islam, imagery is mostly prohibited and is usually not executed in a graphic, figurative way.
In Christianism, things are different. Amongst catholics, it’s common practice. Amongst orthodox, this is extremely restricted. For protestants, given their return to the scriptures of the Old Testament, they’re slowing down massively on the amount of images produced.
In Islam, image is absolutely forbidden, which doesn’t mean though thay muslims themselves don’t have pictures, images. An islamic mother, even in a very let’s say radical townm carries around pictures of her children with her, in her pocket. Photography is in itself not a problem, except when it has to do with the religious beliefs. One cannot pray in front of a picture for instance.
MGL : No, because this can annul the prayer and distract the person praying. The prophet said there shouldn’t be any representation of soul in the praying area, in order for believers not to be distracted.
SG : Muslims themselves don’t have a problem with imagery, they do forbid on the other hand a pictural representation in a praying room. However in this case, women shoes on a praying mat in a room strictly supposed to be for men – I don’t know if it’s supposed to shock in any way but the person who sees it for the first time understands immediately, intuitively that this is a provocative move.
MGL : It’s more than just wanting to shock people, I’m raising questions, I’m telling stories, kind of like how poets do.
Host : We all know that in the past, during the 18th or 19th century, the erotical or sexual representation of women was widely accepted and even acclaimed. I’m thinking of indian miniatures or the persian ones. Nowadays, we can clearly see that there’s a decline, a censorship for such graphic representations. Generally speaking, of course here we’re talking about praying, but in general, there’s a tendancy to cover women, which isn’t done today for the same reasons as it was before.
Michel Grosse : I wanted to ask you what was your initial intention ? Did you have a precise message to convey ? How did you get that idea ?
MGL : My work is, for a great part, autobiographical. I am one of the major subjects of my own work, I’m at the crossroads of two cultures, an western one coming from my spanish mother and a muslim one from my father, living in Morocco. My work also aims at finding impossible connections between the two, trying to position myself, to acquire a certain knowledge, to create new nostalgies – if that’s possible. So clearly, I’m using symbols that are dear to me, which were given to me, sometimes slightly imposed on me, but I was never forced to do anything. You cannot force someone in Islam, although you might want to sometimes. The muslim aesthetic is something which really strikes me, which I chose and I try to mix, once again, with the western one. This is how you really get to see how the West and the East co-exist.
Michel Grosse : That being said, you obviously knew there was an ounce of sacrilege there because you were interfering with something sacred, a more or less historically carved imagery. You’re playing on the limits of the sacred, you’re teasing them in full knowledge.
Host : Maybe he was hoping for a wider understanding of his approach.
MGL : Yes, I was hoping to be understood, but in the same time I knew I could not be because that artwork was quite direct, you have to admit it. Still, I really enjoy the burlesque, I like making people laugh and it is in that way that I try to send them a message. Many people laughed, even some muslims did.
Host : So they understood the surrealist aspect of your instalment ?
MGL : Yes, I think they did, in spite of some marginal groups that were absolutely against it, who spit, chipped the front window. Some muslims looked very happy, they spoke to me and told me it was really beautiful. That was the word I heard the most, “beautiful”. And it is precisely through the burlesque of things that I try to take the mystique out of the sacred to question sexuality, cross-dressing, and my own body image in all of these cultures.
Michel Grosse : The question one might ask is what is still considered sacrilege nowadays ? The bounds of the sacred are constantly pushed further, we’re tending to destroy the limits of the sacred and the profane.
Stephane : I can only imagine how things would have turned out if there had been a representation of someone praying, the prophet or even God. I believe there would have been a massive outcry.
Host : What would have been out of line there ? The fact that there would have been a human representation or that you cannot pray next to one ?
Stephane : Neither, in monotheist religions, which derive from Abraham, you can only pray to God. On certain occasions, especially in Christianism, a specific image helps the prayer to focalize his attention, for instance praying to a saint in order to get to God. But as the phrase puts it, you’re better off praying to God than giving yourself to any of his saints. In Islam or any other religion, you won’t say anyone praying to an image. Today, Islam has become very strict about representations.
Host : What I wanted to ask was can you represent the human figure in Judaism ? For long, this was seen as proscribed.
Stephane : The real question is : can it be done in the context of anything sacred ? Today, the existence of a jew painter, for example, isn’t a problem at all - and I know a few. They’re even allowed to illustrate scenes of a rabbi talking to another. Usually, they disagree.
However, the representation of God remains forbidden.
MGL : This is also why I insisted on uncluttered aspect of the room : the shoes represent the people we can imagine are praying. This is where the ambiguity comes from.
Host : Actually, this pair of women shoes implies that amongst all the men praying, there might be one wearing shoes that are not suited to men. So, what you’re really claiming is to be accepted in a mosq, whatever your clothing or appearance suggests.
MGL : I’m not claiming anything, I’m not an activist, I’m only telling stories. I’m not trying to take a stand, I’m not a feminist.
Host : Claiming was not what I meant : by putting those shoes there, you’re implying that men can also look like women.
MGL : I’m at least questionning the possibility of it. This is implied.
Host : You have no foot fetish then ?
MGL : You should have my mother...
[Pause]
Host : This instalment, your artistic approach still raises the ancestral question of the relation between art and freedom. Regarding this, I would like to tell you a little anecdote about what occurred when Trotsky, who had been expelled from the USSR, met Breton who was in the process of writing his “Manifeste du Surrealisme” and had said : “In art, everything is allowed, except for what is opposed to any form of revolution”. Trotsky, who had been to Hell and back – if I might say, knew what it was to be an opponent to the revolution – let’s not forget that Soviet poets at that time were being shot for their writings –. And so, he had the second half of the sentence removed.
So, are we today in a society which threshold for art is such. We’ve all seen what happened with the satirical drawings of Mahomet. In the early 20th century, the paintings of the impressionists were massively turned down (amongst which the famous “Dejeuner sur l’herbe” from Manet).
MGL : Pierre Molinier...
Host : A lot of rejected artists and pieces of art.
The past twenty years in art have been much looser.
We’re now in a phase of increased censorship and violent reactions towards expressions of freedom.
MGL : The exhibition “Presumed innocent” showed a lot of artworks addressing sexuality during childhood. This exhibition, which was in Bordeaux, drew complaints and strong controversy from childcare associations. The exhibtion took place in 2000 and to this day, the exhibitors and director of the museum have been under trial. The content of that exhibition had previously travelled extensively, some of the work was from Annette Messager. Police was even raiding the artists’ studios.
Michel : I would like to say that the backlash of censure can be felt here and there, fatwas coming from islamic protesters and others, but on the other hand, the contemporary world is characterized by its diversity and eclecticism. This is expressed in art through provocation, scandal, sometimes a bit systematic. I’d like to remind you of the work of the Chapman brothers who had recreated little concentration camps, some were shown in Venice, or the fact that they bought several of Hitler paintings, to work on them visually... I mean, there are many examples proving that.
Host : You’re talking about the Holocaust, which is something very specific.
Stephane : I know, this is another story but to a certain extent, artists are always playing with the limits and subsequently with reactions, whether they be scandalized or not. It is clear that this has become a fact.
MGL : Is the term “scandal” an artistic one ?
I don’t know, if a piece of art can create scandal then yes, it is by default.
Host : Regarding the Holocaust, we’re moving out of the subject here but let’s take the opportunity, the Holocaust was about the killing of other individuals which was the expression of the most extreme cruelty that man was ever capable of. Dornaut spoke of the Holocaust saying this was so inexpressible that no artistic work could ever transcribe it. Chapmann instead did something which had a greater historical meaning than an artistic one. This isn’t shocking or provocative per se, on the contrary, everything lies in the artistic process. But then, where are the limits in art ? Except for the Holocaust, should we set limits to artists ? Art is a way of giving beauty to the world or, at least, to make that inherent beauty noticeable or to strenghten it. Should we restrain it ?
Stephane : For the Holocaust, of course, it’s different since it didn’t occur everywhere. But Revelation instead is supposed to have occurred everywhere. Sure, you cannot talk about the maturity of a religion, it is not a growing organism, which has a youth, even though every religion has come to life at some point and sometimes even dies. This being said, you cannot put every religion in the same bag, it is almost customary to mock high-ranking religious officials or matters. It is almost wasting your breath to plead against Inquisition today. Wasting your breath because everyone, that includes the Catholic church which has repented of this, agrees on the horrific nature of it. However, if you dare questioning the sacred or profane artistry that represents whatever is considered holy, there’s a form of censure, even self-censure. This is why there isn’t more artists like you. If I were you, I would probably stay out of this for many reasons, the first on the list being to live as long as possible, without facing any trouble.
MGL : There’s the possibility of being labelled as a scandal-seeking artist. Many people that worked with me are now washing their hands off of it because they don’t want to be associated with it.
Host : It’s true that we’re living in times in which openly criticizing religion is like standing with an umbrella in the middle of a storm.This mash-up of things is terrible. We, as human beings, have a right to do so and criticize religions but not the people of which they are followers. There’s a difference between critcizing Islam and the muslims. That’s where the whole issue and misunderstanding are.
MGL : Of course, but once again, this instalment was conceived on aesthetical grounds first and foremost. My main goal was not to criticize anything.
Host : Sure, you’re in an art form where you want to go as far as possible with your ideas. But unfortunately today, going the furthest is going beyond a norm that people are not ready to accept.
MGL : Well, about self-censure precisely, throughout all my studies I’ve asked myself whom I could ever show my work to. This was a great matter to me because some of my work was done for my father (for the muslims), and the rest for school when I was still a student. Many times, I wondered whether I could ever connect the two. If I could show it all or if I would have to pick the audience first. Here, it was the first time I took the decision of showing my work to the people directly touched by the subject. And so, there were consequences...
Host : We could say that you’re kind of a mediator trying to make the muslim world reach a certain form of openness, trying to show him how to express beauty in its relation to the world.
Stephane : This brings us, the public opinion, to wonder on the education of art to the youth and on whether anything today can still look shocking to them. Maybe we haven’t moved much since the Manifeste du Surrealisme...
MGL : And yet...
Host : We moved forward and backward, but with artists like Mehdi-Georges Lahlou, I think we’re on the right path to moving in the right direction again.
Thanks to all of you.
ARRACHE UN BAS ! (chanson)
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Arrache un bas
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Dans tes talons d’Allah
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http://postsintjoost.e-monsite.com/
Text in German:
LES TALONS D'ALLAH heißt eine Einzelausstellung von Mehdi-Georges Lahlou (27) im Berliner Kunstraum Richard Sorge. Paulus Fugers und sein Partner Hans Booy haben den "multikulturellen" Künstler jüngst für sich entdeckt; die beiden Holländer machen seit Juni '08 diverse Ausstellungen am Berliner Volkspark Friedrichshain... Wir sind am Tag nach Ausstellungs-Eröffnung 18 Uhr verabredet; ich frag' die Macher, wie wir das Gespräch mit Mehdi-Georges Lahlou dann führen; beide wollen, abwechselnd, für mich aus dem Französischen und Englischen ins Deutsche übersetzen... Mehdi stößt nach einer Viertelstunde, aus der kleinen Küche nebenan, dazu.
Ich schaue ihm in das Gesicht und konstatiere eine Sonnenenergiegeladenheit, ich frage: "Wenn ich dich so sehe, denke ich, du bist ein Wunschkind?" Ohne lang zu überlegen, tut er das, schon vor der Antwort, mit dem Körper kurzerhand bestätigen; geboren wurde er in Frankreich... Seine Mutter (eine aus Spanien stammende Flamencotänzerin) hatte mit seinem Vater (einem marokkanischen Goldschmied) eine heiße Liebesgeschichte, als der "zu Besuch" in Frankreich war; es hieß, sie wären das schönste Paar der Stadt gewesen, und alle, Männer oder Frauen, wollten - hätten sie gedurft gehabt - mit ihnen schlafen; Mehdis makellose Schönheit (s. u.) resultiert also von beiden Elternteilen.
Seinen Vater lernte er dann erst als Achtjähriger kennen; bis er 14 war, war er bei ihm in Casablanca. Als der Vater (ein gewordener Muslim) die letzten Jahren mitbekommen hatte, was sein leibhaftiger Sohn für religionskonterkarierende und "aufmüpfige" Kunst veranstaltete - Mehdis Stiefgeschwister kriegten's zufällig über das Internet heraus - obsiegte so ein Gruppenzwang um ihn, und Mehdis Vater sagte sich von seinem Sohne los...
Die Mutter hätte irgendwie schon rechtzeitig geahnt gehabt, was es für Schwierigkeiten geben könnte, wäre sie mit ihrem Liebsten (Mehdi's Vater) nach Marokko umgezogen - und sie machte sich dann mehr um ihre beiden Töchter (aus der Zeit vor Mehdis Vater) Sorge, weniger um sich; die Halbschwestern von Mehdi haben irischen Ursprung.
Mehdis Beschäftigungen mit den Relgionen - allgemein und im Besonderen - haben natürlich, so gesehen, einen fast schon interfamiliären Grund.
Der erste Eindruck - auch von seinen Werken, die ich optisch registriere - ist dann unbedingt von einer froh-fröhlichen Art. Es hat etwas von Ungezwungenem, Unernstem, Unhaltbarem. Und mein Blick (in Blickrichtung geradeaus, rechts-links vorbei an Mehdi's leichtem Leib) erfasst seine berühmt-berüchtigte Installation Cocktail, ou Autoportrait en Societé: Männerschuhe vor muslimischen Gebetsteppichen, in der Mitte halogenbeleuchtet ein Paar rote Pumps auf einem dieser Teppiche - - sofort durchschießt es mein Gehirn: wie? eine Frau in der Moschee?? Natürlich ahne ich, dass so ein Bild wohl nicht als Uridee des Künstlers wahrzunehmen wäre; derart "frech" und "fies" (= die provokante Hinterfragung jener Frauenrolle im Islam) waren gewiss schon Andere vor ihm, doch wie gesagt, ich ahn' es nur, ich weiß es freilich nicht...
Mit diesen roten Pumps hat Mehdi einmal einen 29-Kilometer-Marsch in Belgien (Mehdi lebt in Brüssel) unternommen; unterwegs ist er dann auch mal angepöbelt worden, "bist du eine Transe" oder so; das war noch harmlos... Bei einer anderen Ausstellung schien es schon etwas bedrohlicher zu sein; eine Gruppe junger Araber - einer von ihnen spuckte auf ein Ausstellungsobjekt von Mehdi - rottete sich prompt zusammen, um ihm draußen aufzulauern; Mehdi stiftete in einem Taxi...
Nein, er lebt nicht ungefährlich.
Dar_Koom, ein Objekt von Mehdi (210x180x160 cm - die ungefähren Ausmaße von einer Umkleidekabine), dient dem Künstler als Austragungs- und Begegnungsort diverser und gezielt hierfür gedachter 2er Performances. Drinnen erhältst du eine einladende, obzwar etwas eingeengte, aber doch gemütlich und beschummrig auf dich ausstrahlende Atmosphäre; eine vorgetäuschte Gastlichkeit des Morgenlandes, die schon etwas skeptisch stimmt. Die für den Zweck herbeibemühten und herbeigezwungenen Klischess eröffnen sich auch bald und flugs dem neugierigen Augenpaar: Arabische Musik, von einer Frauenstimme vorgetragen (dass du justament den Bauchtanz, eines der Klischees vom Morgenland an sich, erahnen wolltest) und/oder das ganze Interieur, das mit den Kunstmitteln des Kitsches überhaupt nicht geizt. Ein Tischlein in der Mitte; darauf ein Gedeck schön angerichtet; hinter/vor dem Tischlein jeweils eine Sitzgelegenheit - du wirst von Mehdi also hinters Tischlein vorplatziert und wartest, nachdem Mehdi dich sogleich wieder verlassen hat und justament den Vorhang dieses Dar_Kooms vor dir schließt, auf irgendwas, was gleich passiert...
[Draußen hängt dann eine Menü-Liste, aus der du vorher auswähl'n konntest, was für eine Art Begegnung - Performance - du mit Mehdi wolltest oder willst; 11 Vorschläge gibt es, und die Palette reicht von relex, talking, sexual, blind bis no etc. pp.]
Ich hätte mich, sag' ich ihm witzelnd wünschend, für die Sexual-Performance wohl entschieden, aber Mehdi meinte, diese käme heute nicht in Frage, und ich frage ihn: warum - er meinte nur, als er die Sexual-Performance gestern dann bei einem Typen machte (und ich hätte wirklich gern gewusst, wie das dann ausgesehen hätte und auch ausging; Mehdi sagte es mir nicht), dass die Sexual-Performance diesem Typen nicht behagte, also dass der sich dann wohl was anderes von ihr versprach, und Mehdi die Performance abzubrechen sich genötigt sah...
Für mich, sagt Mehdi, hätte er bereits entschieden; und er wies mir so eine Surprise-Performance zu:
Nach paar Minuten kommt er also wieder in den Dar_Koom rein. Er ist total verhüllt in eine Burka. Und er reicht mir ein Glas Tee. Ich kann von ihm "nur" seine Augen sehen. Und er macht da etwas unter seiner Burka, was ich nicht sogleich erkennen kann, aber es klingt... Mehdi spielt eine Holzflöte (was ich erst hinterher von ihm zu sehen kriege). Und die Art und Weise, wie er spielt, lässt mich erahnen, dass es jetzt wohl möglich wäre, die Gedanken in die Wüste hin zu projizieren; und so sehe ich mich - und ich war noch nie in einer Wüste - rücklings liegen und desnachts zum Himmel schauen, wo man ja angeblich, also in der Wüste, einen Sternenhimmel sehen könnte, wie es ihn sonst nirgends auf der Welt gibt...
Zehn Minuten darf ich mich in diesen kurzen Traum hinein begeben, dann ist wieder Schluss.
Auf dem Foto (s. u.) sehen wir den Mehdi zweimal. Überhaupt ist er, auch auf den andern Fotos dieser Ausstellung, allein, zu zweit oder zu mehreren zu sehen. Und ich stellte das Originäre dieser Arbeiten (mit Hilfe Photoshop) selbstredend fest, indem ich randbemerkte: "Dass du dich zum Nabel der Welt machst, ist dann schon originär." Also für Mehdi.
Freilich werden so auch alle Aussagen, die er zu machen trachtet, entaggressiviert. Die Ansichtslage ist so schön und über alle Maßen freundlich, wie ihr Fotograf, dieser sich permanenter Weise Selbstablichtende, so schön und über alle Maßen freundlich ist.
Dass er auch ein paar Jahre Tanz studiert und praktiziert hat, sieht man ganz besonders in dem schön-freundlichen Tango-Bild.
Es gibt dann auch ein hier in dieser Ausstellung zwar leider nicht gesehenes, aber berühmtes Foto (es heißt Vive le Fete) - das hat's richtig in sich: Es sind da die alljährlichen Massen in der Großen Moschee in Mekka, die die Kaaba zu umkreisen gekommen sind, auf ihm zu sehen; aber nicht nur dieses - denn von oben hängen glitzernde Disco-Kugeln herab, und der Hintergrund sieht aus, als wäre diese Szene mittenrein in ein Operettentheater gestellt. Das freilich ist schon sehr vermessen und gewagt photoshopiert: Mehdi-Georges Lahlou ist ein starker Witzbold und beweist, durch seine Witze, starken Mut!!
Seh' ich ihn so vor mir, erkenne ich natürlich - und obwohl er "sehr arabisch" aussieht - seine wohl mehr abendländische Verwurzelung; und Dieses hatte/hat er wohl dann mehr von seiner Mutter. Und wahrscheinlich kann er daher - und so schön und über alle Maßen freundlich - gegen alles, was sich dumpfbacken-untolerant gibt, wirken und auch sein.
Andre Sokolowski - 21. September 2010
Pour cette raison, un autre « off » de la FIAC, plus confidentiel, mérite d’être présenté. Il s’agit d’un festival, le Jerk Off. Organisé pendant 4 ans au moment de la Gay Pride, le fait que cet événement ait changé de période signe un tournant : sortir du ghetto un art dit « gay ». Il témoigne de la diversité des cultures queer par une multiplicité de champs artistiques : musique, danse, cinéma, arts. Mais signe avant tout une riche réflexion autour de la censure, avec son exposition CENSURE(S) – Baiser la lune, à la galerie Bannwarth. Le titre vient de l’interdiction du film « homopédagogique » quasi éponyme, et élargit ses horizons à travers en autres, le travail de Medhi-Georges Lahlou. Cet artiste franco-marocain interroge en effet les symboles religieux, en les détournant. Il présente à cette occasion deux œuvres, dont son Autoportrait à la Kaaba, du nom du cube noir de la Mosquée Sacrée. La tête enfouie dans cette forme vide, le pied-de-nez est fort, mais il est peut-être avant tout synonyme d’une appropriation de l’Islam.
Attaqué par des extrémistes à Bruxelles, pour une installation où il mettait en scène des chaussures à talon sur des tapis de prière, boycotté lors de la dernière Marrakech Art Fair, ce travail singulier parle à la fois d’un univers en manque de tolérance (envers les homosexuels mais aussi les femmes) et d’une volonté de se forger une identité vis-à-vis de celui-ci. Se forger une identité ne passe-t-il pas forcément par un imaginaire ?
L’installation de Marylin Gillois questionne ce rapport à l’intime. Réalisée autour d’une vidéo de Catherine Corringer, le spectateur est abrité des regards dans une forme de confessionnal, seul face à une performance limite où la sexualité est certes extrême, mais avant tout au bord du réel. Il y « teste ses résistances affectives ». Choquantes, peut-être, ces œuvres opèrent avant tout un aller-retour entre le public et l’artiste, un dialogue entre ce dernier et le monde, entre imaginaire, ou imaginaire collectif en somme, et réalité.
Depuis l’engagement politique et personnel des artistes du Jerk Off aux jeunes photographes à l'univers sombre de la Chic, en passant par les installations apocalyptiques du SLICK, un dénominateur semble commun. À l’ombre de la FIAC, le tableau est noir, certes, mais il n’a jamais autant débordé d’énergie, et de regards croisés sur notre temps.
Pour cette raison, nous n’irons pas au Grand Palais, cette année.