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Mehdi-Georges Lahlou

 

Mehdi-Georges Lahlou, Français et Marocain, 1983, vit et travaille à Bruxelles.

Installation, performances, technique mixte.

Text

Mehdi-Georges Lahlou's installations and performances are all about crossing limits, cultural and religious boundaries and challenging literally his physical limits… As Lahlou grew up in a mixed religious environment (with a Muslim and a Christian parent), he experienced our multicultural and multiform society in daily life. This is reflected in his work in a humoristic, intelligent kind of way.
[Karen Renders, 2010]

Medhi-Georges Lahlou réalise des performances et des installations qui traitent avec humour à la fois des identités culturelles et de genre, au point de les dissoudre les unes dans les autres. Et en effet, si le genre est une construction sociale, par opposition au sexe biologique, il est alors pris dans le tissu culturel dans lequel il se construit, quel qu’il soit. Jonglant d’une communauté à l’autre, de l’ethnie au genre, par ses actions burlesques, Lahlou effectue un travail de sape. Il se livre à une sorte de typologie des clichés associés au monde arabo-musulman, et les attaque à coup de talons aiguille rouges, au cours de performances qui sont autant d’exploits sportifs censés tester la testostérone. Ces talons sont ceux de cette figure topique qu’est le queer, le trans ou le travesti. La « tête d’arabe » de la photo rencontre les chaussures de vamp : stigmate + stigmate = 0. Mehdi-Georges Lahlou s’attaque à la définition de la masculinité dans cette sphère culturelle, et teste en quelque sorte inlassablement, performance après performance l’ébranlement de cette culture, ici ou là-bas, par la déconstruction du genre, rêvant une réconciliation des « contraires » et que le merveilleux ne soit plus révolu.
[Emilie Bouvard]

Performance

Mehdi-Georges LahlouMehdi-Georges Lahlou

"Walking 30km with red high heel shoes between 2 art spaces", performance of 8 hours on July 3rd 2009, started at Galerie TRANSIT, Mechelen and finished at Lokaal 01, Antwerp

 

Works in 'Try to December', January-February 2010

 

Mehdi-Georges LahlouSans Titre - Haut, photo, 50 x 50 cm, ed. 4

 

Mehdi-Georges LahlouSans Titre - Bas, photo, 50 x 50 cm, ed. 4

 

Mehdi-Georges LahlouPortrait de Famille, photo, 51 x 71 cm, ed. 4

 

Mehdi-Georges Lahlou'Home Sweet Home', video, 2009, 4 min

 

CV

Born in 1983

Lives and works in Brussels

Nationality French/Morrocan

EDUCATION
* 2010: Master of Fine Arts, St-Joost academie, Breda (NL)
* 2007: DNSEP, ERBAN, Nantes (FR)
* Master multimedia, médiation culturelle et gestion du patrimoine, Angers (FR)
* 2005: DNAP, mention, ERBAN, Nantes (FR)
* 2002: A-LEVEL in economic / option art

Three months of Erasmus Program at the academy of Fine Art of Prague (CZ) (2003)
and In Georg August Universität, Göttingen (DE).

SOLO EXHIBITIONS
* 2010: -"Artist Project", Art Brussels 2010, Art-Fair, Bruxelles (BE)
* 2009: -"Cocktail II", Galerie M'atuvu, Bruxelles (BE)
-"Daar Kom, take a seat!", Galerie M'atuvu, Bruxelles (BE)
-"Quelqu'un m'a dit que le Merveilleux était révolu". Nieuwe Dingen Gastatelier. Tilburg (NL)

GROUP EXHIBITION
* 2010:
-# 'Pleurer et Bonheur', VIENNA INTERNATIONAL APARTMENT Curators Sílvio Salgado and Walt Van B, Rue de l’Etuve 81 A 13, 1000 Brussels
-"Try To December", accrochage, Galerie Transit, Mechelen (B)
-"Version Festival", Chicago (USA)
 -"Art Brussels 2010", presented by Galerie Transit (Mechelen), Bruxelles (BE)
-"Anti Beeld", curated by Arjen Lancel & Anne Bruggenkamp, Arti and Amicitae, Amsterdam (NL)

 * 2009: -"Pleurer et Bonheur", with Michel Couturier, Simona Denicolai & Ivo Provost, Vienna International Apartment, Bruxelles (BE)
  -"Jeune Création 2009", Le CentQuatre, Paris (FR)
-"Turn on", Artivistic 2009, Montréal (CA)
-"Cocktail", T.A.G., Bruxelles (BE)
-"MAAC's Window Project by Night", M.A.A.C., Bruxelles (BE)
-"Strange Overtone II", Lokaal 01, Antwerpen (BE)
-"Strange Overtone", Artis, Den Bosch (NL)
* 2008: -"sos-art.com", L'Avant Rue, Paris (FR) Press
-"Siteparasite", La RTT, Bruxelles (BE)
-"Houseproud", Vanabbemuseum, Eindhoven (NL)
* 2007: -"Quartier Excentrique" Minard Schouwburg, Gent (BE)
* 2006: -"Glissement de terrain", Galerie sur l’herbe, Nantes (FR)
* 2005: -"Hip Hip Oral", Alain Le Bras, Nantes (FR) - (organisateur et curateur de l'évènement)
-"A 4 A5", Ateliers Félix Thomas, Nantes (FR)
* 2004: -"La forêt", Théatre de Cornouaille, Quimper (FR)

RESIDENCE
Three months in artist residence in Nieuwe Dingen Gastatelier. Tilburg (NL). (2009)

PERFORMANCES ART
* 2009: -"Stupidité contrôlée", Vienna International Apartment, Bruxelles (BE)
-"C'est Charmant I & II", Le CentQuatre, Paris (FR)
-"Course de 8km en chaussures rouges à talons 11cm entre la Tour Eiffel et le 104", Le CentQuatre, Paris (FR)
-"Au Bureau du Merveilleux", Galerie M'atuvu, Bruxelles (BE)
-"Dar-Koom restaurant", Galerie M'atuvu, Bruxelles (BE)
-"Walking 30km with red high heel shoes between 2 art spaces"  from Mechelen (the Galerie TRANSIT) to Antwerp (Lokaal 01)
-"On en veut du Merveilleux". Art Brussels. Brussels (BE) Read more...
-"Saut de haies en chaussures rouges à talon sur carrelage mosaïque". Artis. Den Bosch (NL)
-"Exploit Sportif en corde à sauté dans escarpins rouges".
- Nieuwe Dingen Gastatelier. Tilburg (NL)
* 2008: -Three performances within the framework of the exhibition Siteparasite. La RTT. Brussels:
« The Prayer - Al Fatiha »,« Reys VS Coran »,« La Bonne à l'Enfant ».
-Three performances within the framework of the festival Quartier Excentrique. Minard Schouwburg. Gent :
«Au ralenti en tutu rose », « Course de 8 KM en chaussures rouges à talons sur sol pavé »,
« Combat de boxe contre chaussures rouges à talons »
* 2005: -Organizer of the festival of performances « Hip Hip Hip Oral » in the Le Bras’ Atelier. Nantes (FR).
- Guests of honor:  Christelle Familiari et Laurent Moriceau. Two of my performances within the framework of this festival: « Justine » et  « Je vous aime ».
* 2004: -"Particules privées N° 2, 3 et 4", Esplanade François Mitterrand, Quimper (FR).
-"Particules privées N° 1", Galerie de L'ESBAC, Quimper (FR)
* 2004: "Le supplice de Tantale", ESBAC Quimper (FR)
« Workshop » with Olivier Dollinger (2007) and Francoise Quardon (2006)

VIDEO AND VIDEO INSTALLATION
* 2009: -"Dévoilé en Confort". Installation et vidéo. Le CentQuatre, Paris (FR)
 -"On veut du Merveilleux!". Art Brussels. Brussels (BE) Read more...
-"Stupidité Contôlée I & II". 2 Vidéos. en boucle. Nieuwe Dingen Gastatelier. Tilburg (NL)
* 2008: -"The Prayer - Al Fatiha". Vidéo. en boucle. Bruxelles (BE)
* 2007: -"Et je sombre". Vidéo. 5 min. Atelier sur l’herbe. Nantes (FR)
-"Orchestré moi-même". Vidéo installation on three screens. (2008)
-"Flamenco". Vidéo performance. Regional academy of Fine Art. Nantes (FR)
* 2006: -"Mémoires de chutes". Vidéo. 15 min. Within the framework of the collective exhibition
« Glissement de terrain ». Atelier sur l’herbe. Nantes (FR)
-"A vous Mesdames". Video installation.
* 2005: -"A l’envers la Magie", Vidéo. Galerie Artem. Quimper (FR). 5 min
-"Sans artifice Juste Marylin Monroe ». Video installation within the framework of the collective exhibition « A4 A5 » Ateliers Felix Thomas, Nantes (FR)
* 2004: -"Le supplice de Tantale", ESBAC Quimper (FR)

DANCE

2007: "Optimistic Vs Pessimistic". Alkran Company. In the Lieu Unique within the framework of the "Let' S Dance" festival. Nantes (FR)
2004: Assistant choreographer of Maria Ribot for the creation "40 Espontaneos". Choreographic Center, the « Quartz ». Brest (FR)
2003: Dancer for two shows of the Le Douaré’s company. Quimper (FR)Workshops


Workshops:
with Régine Chopinot. Théatre de Cornouaille. Quimper (FR). 2004.
with Christian Rizzo. In The Choreographic Center the « Quartz ». Brest (FR). 2004.
with Fanny De Chaillé. In the Lieu Unique. Nantes (FR). 2006.

Mehdi-Georges Lahlou

 

Mehdi-Georges Lahlou

Mehdi-George Lahlou, perché sur ses talons aiguilles rouge vernis marche sur des oeufs, et au passage brise des c..., et effiloche quelques voiles et tapis. Performer, plus ou moins peintre, "installateur", vidéaste à coup sûr, il parvient à construire une démarche cohérente, chaloupant entre ces dangereux récifs que sont les poncifs sur le genre (sexuel), et la difficulté à élaborer un discours distancié sur l'islam comme identité. Comment perturber à nouveau le genre quand il semble que Judith Butler a tout dit, comment interroger le religieux quand le simple fait de représenter, et donc de recomposer et d'interpréter peut poser problème ? comment toucher juste ? irriter sans facilité ? Le travail de Mehdi-Georges est comme ses talons haut : visible et même voyant, accrochant le regard, il a aussi du style, un certain chic dans le ridicule, et tient la route.

Cette tenue dans l'idiotie et l'efficacité de son travail tient au fait que Mehdi-Georges Lahlou croise ces deux problématiques, celle du genre et celle de l'identité culturelle et religieuse. Or ces deux questions sont elles-mêmes des lieux de tension, tension d'une part entre le sexe biologique inné et le genre acquis, construit individuellement et socialement, et tension d'autre part entre le culturel et le religieux. On arrive ainsi à une sorte de tableau à quatre entrées, qui permet de multiples combinaisons des pôles de masculinité et de féminité à l'islam comme religion et comme aire socio-culturelle. Les oeuvres de Lahlou semblent explorer avec constance, méthode et un certain sens comique, les points où ces tensions se heurtent, surtout par les biais de la performance, de la vidéo et de la photographie.

Prenons un exemple : en 2009, Mehdi-George Lahlou réalise deux travaux autour de la question du voile, Ceci n’est pas une femme musulmane (16cm/25cm, tirages numériques sur aluminium, 4 exemplaires), un autoportrait de l'artiste voilé, et Déshabillez moi (video installation, 03 minutes 36 en boucle), où l'on voit Mehdi-Georges se voiler et se dévoiler consciencieusement, avec une application qui fait sourire. Et en effet, l'être qui se voile, se dévoile et pose voilé est un homme, visiblement, de type arabe, poilu, barbu, et au visage dont l'inexpressivité n'est pas dépourvue d'une certaine malice provocatrice. Du coup, les discours topiques sont déjoués : évacuée la victimisation de la femme musulmane sous le voile et bousculée la masculinité virile et traditionnelle telle qu'elle se construit et est fantasmée dans le monde arabe - la voici transférée vers un autre motif topique qui s'en trouve du coup désactivé, celui de la femme voilée. cliché + cliché = 0. Tout le monde a tout faux, arabo-musulmans et judéo-chrétiens caucasiens se retrouvent dans le même sac. Sous le voile, un homme.

Mais quel homme ? Cet homme qui a le visage de l'artiste est un sportif : il réalise des exploits héroïques, saut de haies, course à pied, pèlerinages sans fin autour d'un cube noir (figurant la Qa'abah), fait ses prières avec des empilements de briques sur le dos (Prayer - Al Fatiha, Performance 30 minutes, Brussels (BE), 2008). C'est un bon artisan : il sait réaliser des motifs décoratifs arabes traditionnels (Et au rouleau ?, acrylique et divers matériaux, 29x150x250cm, 2009), et des plats marocains (Dar_koom, restaurant, performance, 2010), faisant preuve d'hospitalité. Mais le repas est pour une personne à la fois. Les motifs artisanaux sont faits "au rouleau" de façon industrielle, ce qui enfonce un coin dans le cliché touristique de l'artisan marocain gardien des traditions. Et les exploits et actes religieux sont réalisés en body et collants moulants, ou nu, avec au pieds les fameux hauts talons vernis. Les traditions sont travesties, comme le corps de l'artiste.

Il faut s'interroger sur le travestissement. Se travestir c'est changer d'identité par le biais du costume et de la modification en général de son apparence. Le terme de "travesti" renvoie plus spécifiquement à une modification d'ordre sexuel, de genre. La travestissement est subversif dans la mesure, comme le montre Judith Butler dans Trouble dans le genre, où il génère un doute, défixe ce qui semblait être fixée et stable de toute éternité - à savoir une essence masculine ou féminine. Par capillarité et parce que le corps est le champ de bataille où s'affrontent le personnel et le politique, du genre à l'ensemble des normes, le travesti suggère une perturbation de l'ordre social tout entier, d'où son statut de marginal et l'odeur de souffre et de dangerosité qui l'entourent. Mais pour être perturbant, le travesti doit rester dans un entre-deux trouble : devenir radicalement autre, adopter par exemple un comportement "typiquement" (selon les normes de la société où il vit) féminin ou masculin, peut apparaître au contraire comme un renforcement des stéréotypes. Cet entre-deux, Mehdi-Georges Lahlou le maintient par la juxtaposition ; il est homme et porte des marques traditionnelles de virilité : poils, sexe, muscles ; il chausse aussi des talons hauts - de femme. Il est un objet de désir double et troublant. Là encore, il cumule les stigmates : tête d'homme arabe + talons hauts de vamp, stigmate + stigmate = 0, plus rien ne tient et tout fout l'camp.

Ainsi, son installation Cocktail ou autoportrait en société (70cm/40cm, impression numérique sur aluminium, 4 exemplaires, 2010) composée d'un ensemble de tapis de prières devant lesquels sont déposés des chaussures d'hommes, à l'exception d'un tapis sur lequel crânent les escarpins rouge, a choqué et a été attaqué par des partisans d'un islam traditionnel. Cette installation, très simple, était triplement perturbante :
1 une femme ne prie pas parmi les hommes : question culturelle et religieuse.
2 et si ce n'était pas une femme ? un homme ne porte pas des talons hauts ou alors ce n'est pas un homme : question de la masculinité dans le monde arabo-musulman, et ailleurs...
3 on ne pose pas ses pieds sur le tapis de prière : le blasphème du provocateur - ou de l'idiot ?

Rien ne tient ou presque : une forme de cadrage, un usage de l'idiotie, et une omniprésence du performer, trois points qui caractérisent le travail plastique de Mehdi-Georges Lahlou de façon récurrente.

Le cadre est celui d'une boîte : la boîte du "restaurant" dans laquelle on entre, mais aussi celle de l'installation exposée, dans laquelle on n'entre pas - c'est bien la vitrine de la galerie qui a été visée par ceux qui criaient au blasphème. La boîte surtout dans laquelle sont enfermées et diffusées les vidéos. La boîte de Home Sweet Home (2009), cette vidéo qui parodie un pèlerinage à la Mecque, renvoie à la boîte qui en abyme dans la vidéo figure la Qa'abah autour de laquelle marche Mehdi-George Lahlou nu avec ses talons au pied, foulant des tapis de prière. A Art Brussels, cette boîte sera posée sur un socle en fer, évoquant encore davantage prison et rigidité. Ces boîtes figurent l'enfermement de l'individu. Elles correspondent à certains plans rapprochés des vidéos. D'un point de vue formel, les angles des tapis, des boîtes, se répondent : il est question alors d'une culture qui emprisonne. Mais ces boîtes sont aussi des moniteurs, des cadres, les cadres des images, et l'enfermement est alors celui des clichés et des discours, celui des stigmates. Lahlou renvoie dos à dos les obligations culturelles, le poids des traditions, et les cliches racistes et autres auxquels cette tradition donne lieu pour une autre culture. Sortir d'une culture, c'est pour Mehdi-Georges Lahlou être confronté à une autre qui vous y renferme à nouveau. Il n'est pas question ici du choc des cultures mais plutôt d'un double enfermement.

Déprimant ? Double-bind ? comment sortir du cercle ? et ne pas devenir fou ? on peut alors jouer au fou, et au passage trouver un genre de soi. L'idiotie, qui est une tradition en art, est une bonne porte de sortie et elle met de la légèreté dans un travail aux contenus lourds de sens et d'enjeux. Jean-Yves Jouannais dans L'idiotie, art, vie, politique, méthode (Paris, éd° Beaux-Arts, 2003), cite Breton et définit l'idiotie comme "défiance vis-à-vis de la thèse et de la dictature de l’esprit ; contradiction portée à la culture hautaine par "une gaieté moderne" ; critique des pirouettes de la forme et de leur prétendu renouvellement au détriment de la profondeur des pensées." On comprend ici pourquoi Mehdi-Georges vit à Bruxelles, ville marquée par la surréalisme. Faire l'idiot, c'est lutter contre la gravité, et la lourdeur des systèmes religieux et autres. Mehdi-Georges Lahlou est en permanence burlesque, grotesque, ridicule, idiot. Son corps bien fait cambré sur talons hauts adopte des postures inconvenantes. Dans la série de vidéos Stupidités contrôlées (2009), Lahlou mange une banane le Coran sur la tête, ou tient dans sa bouche un balle de tennis, une coiffe traditionnelle sur le crâne. Débile. Comment un tel fou pourrait bien provoquer de sérieuses controverses ? Quand on est extrêmiste religieux, ou défenseur d'une masculinité straight et sûre d'elle-même, on ne croise pas le fer avec ce genre de joyeux drilles, ce serait au risque de perdre sa dignité et son quant-à-soi. Et d'être à son tour, ridicule. La légèreté de l'idiot fait tout passer et déjoue les censeurs, l'air de rien.

Et puis si on suit toujours Jouannais, "idiôtes, idiot, signifie simple, particulier, unique. (...) Toute chose, toute personne, sont ainsi idiotes dés lors qu'elles n'existent qu'en elles-mêmes." Il est alors possible de suggérer qu'il y a là une autre sortie du jeu de miroir et d'emboîtage des identités : la position du clown, de l'idiot qui fait sans affirmer est une position malgré tout, celle d'une singularité maximale, sortie de sa boîte. L'importance de la figure de l'artiste - Mehdi-George est acteur de toutes ses performances - dont le visage apparaît de vidéo en vidéo, de photographie en photographie, parfois démultiplié (Portrait de famille, 51cm/71cm, 4 tirages sur aluminium, 4 exemplaires, 2009), n'est pas alors le signe d'une quête narcissique de soi, mais marque plutôt le retour de l'idiot, comme un gag récurrent. Pour ma part, je serais curieuse de voir le jeune Lahlou creuser encore cette figure grotesque, et la risquer davantage. Et basculer pour de bon du côté du Merveilleux.

Mehdi-George Lahlou est né aux Sables d'Olonne en 1983 et il est franco-marocain. Formé à l'Ecole Régionale des Beaux-Arts de Nantes (ERBAN), il obtient son diplôme en 2007 ; il poursuit actuellement un master à l'Académie St Joost à Breda - et vit à Bruxelles.

Emilie Bouvard, 2010

 

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